Interview / Paul Meilhat : "En IMOCA, l'entrainement se fait sur les courses"

© Ronan Gladu

Après 4 ans sans projet en son nom dans la course au large, Paul Meilhat renfile le ciré en solitaire pour la Route du Rhum 2022 sur Biotherm, un plan Verdier mis à l'eau à l'été 2022. S'il a conscience qu'il a peu de préparation devant lui, il va tabler sur son expérience de co-skipper des années passées.

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Après quelques années à travailler avec différents teams, tu reviens avec un projet en propre et un bateau de dernière génération. Comment est né ce partenariat ?

La première rencontre s'est déroulée en 2019 dans le cadre d'une recherche de mécène, où Biotherm devenait partenaire d'Initiatives Océanes. En tant qu'ambassadeur pour Surfrider Fondation, j'étais présent. On s'est recontacté à l'été 2021 pour travailler sur un projet de Vendée Globe 2024.

Peux-tu nous présenter Biotherm et expliquer ses caractéristiques principales ? Pourquoi avoir choisi Guillaume Verdier pour la conception de ton bateau ?

L'été dernier, on a monté ce projet avec l'objectif et l'opportunité d'être au départ de la Route du Rhum. J'ai toujours voulu faire un bateau avec Guillaume Verdier, depuis mes débuts avec SMA. On a eu l'opportunité de construire Biotherm dans les moules de LinkedOut chez Persico Marine. C'était un challenge très compliqué. On a mis les premiers plis de carbone fin décembre 2021. Sachant qu'il y a 8 mois de construction derrière.

On a dû faire un bateau simple pour que ça rentre dans les délais, ce qui me plaisait énormément. Le résultat est plutôt réussi. Les architectes veulent toujours innover, mais là, il fallait freiner.

On a quand même réussi à changer l'étrave du bateau, les foils, le puits de foils, les safrans et la casquette. Ça reste un bateau sistership de LinkedOut, assez proche d'Apivia. Ce sont des formes de coque très proches, sur lesquelles on a apporté quelques modifications.

L'IMOCA Biotherm, un plan Verdier sistership de LinkedOut
L'IMOCA Biotherm, un plan Verdier sistership de LinkedOut

Quel bilan tires-tu de tes premières navigations et notamment du Défi Azimut ?

On n'a pas coupé la ligne parce que le parcours pour l'équipage était compliqué, avec beaucoup de manœuvres. Mais sans winch, c'était difficile. C'était très positif. J'ai fait ma qualification. La mise en place d'un bateau neuf demande énormément de temps. Il ne reste plus que 15 jours avant le départ de la course. Il faut faire des compromis.

Les premières sensations sont vraiment bonnes. C'est un bateau léger, bien équilibré, conforme à nos attentes. J'ai déjà réussi à faire de bonnes pointes pendant ma qualification.

Tu as mis ton bateau à l'eau assez tardivement. Comment compenses-tu et comment tu t'entraines en vue de la Route du Rhum ?

Il ne faut pas rêver ! On ne peut pas faire en deux mois la même chose qu'en quatre ans. L'expérience aide beaucoup dans ces situations, et je profite de mes expériences de navigations avec Sam Davies et Charlie Dalin.

Biotherm, nouvel IMOCA de Paul Meilhat
Biotherm, nouvel IMOCA de Paul Meilhat

Dans quelle démarche te positionnes-tu sur cette Route du Rhum, notamment en tant que tenant du titre ?

C'est l'opposé de la dernière fois. Mon bateau n'était pas performant, mais abouti et je le connaissais par cœur. Avec Biotherm, on ne se connait pas tous les deux.

C'est amusant. La dernière fois, j'étais bizuth et sur la fin de mon partenariat, aujourd'hui je ne suis plus bizuth et au début de mon projet. J'ai beaucoup de plaisir. L'émotion n'est pas la même. En 2018, j'avais la maturité et maintenant, l'excitation d'un enfant. Ça fait 4 ans que je n'ai pas fait de course au large.

Paul Meilhat sur Biotherm lors du Défi Azimut
Paul Meilhat sur Biotherm lors du Défi Azimut

Tu as choisi de participer à The Ocean Race ? Pourquoi ? Est-ce que ça a décidé du choix de ton bateau ?

Dans le choix du bateau, non. Ce bateau n'est pas vraiment modifié pour l'équipage. Naviguer à 4 ou tout seul ça ne change pas grand-chose.

J'avais vraiment envie de faire The Ocean Race. C'est une course géniale qui nous fait sortir de France et qui va nous faire beaucoup de bien en termes d'ouverture. Faire cette course en Volvo 65 devenait un travail considérable, avec des bateaux monotypes et les meilleurs marins du monde. En IMOCA, on a cette expertise qui nous permet d'être performant sans trop l'avoir préparé. C'est l'idée de l'intégrer dans notre programme.

Quelles sont les différences entre un IMOCA pensé pour l'équipage et le solitaire ?

On n'a pas fait ce choix-là, car les règles de jeu sont les mêmes. Surtout si on reste sur des parcours au large. Ce serait différent en navigation côtière. On ne va pas optimiser un bateau pour gagner 15 secondes sur une prise de ris.

Après la Route du Rhum, la préparation va-t-elle concerner uniquement la navigation en équipage ?

Après le Rhum, il n'y a pas de programme, car le bateau rentre au chantier en Espagne et jusqu'au départ. L'entrainement, c'est la course. C'est aussi le programme de l'IMOCA. Sortir ces bateaux-là pour deux heures de navigation, on le fera peut-être dans deux ans, juste avant le Vendée Globe. Sur le début, chaque navigation est très précieuse.

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