Au 19e siècle, une flottille est mobilisée pour acheminer fonctionnaires et militaires vers la colonie de Saint-Louis, au Sénégal. Parmi les quatre navires assignés à cette mission, la frégate la Méduse se trouve au centre d'un épisode nautique marquant. Le 2 juillet 1816, échouée sur le banc d'Arguin, au large de l'actuelle Mauritanie, elle devient le théâtre d'une lutte pour la survie impliquant près de 150 passagers. Le radeau de fortune qui fut construit inspira la célèbre toile de Géricault, "Le Radeau de la Méduse", exposée au Musée du Louvre à Paris.

Lancement de l'expédition
En 1816, Louis XVIII, désireux de récupérer les comptoirs français au Sénégal, envoie une flottille pour rétablir la présence française. Le 17 juin 1816, sous le commandement de Hugues Duroy de Chaumareys, la frégate la Méduse, armée en flûte avec 14 canons, la gabare la Loire, la corvette l'Écho et le brick l'Argus quittent la rade de l'île d'Aix. À bord, un groupe hétéroclite comprenant des ingénieurs, un commissaire supérieur de la marine, un préfet apostolique, des enseignants, des chirurgiens, des pharmaciens, des ouvriers, des femmes, des enfants, et d'autres, forment un contingent varié destiné à établir une nouvelle colonie. Le colonel Schmaltz, nouvellement nommé gouverneur de la colonie du Sénégal, fait partie des passagers à bord de la Méduse. De grandes quantités de matériel sont embarquées.
Une navigation à tâtons
Le capitaine Hugues Duroy de Chaumareys, âgé de 53 ans, n'a pas mis le pied sur un navire depuis 25 ans. Les premières difficultés à quitter le pertuis d'Antioche en témoignent. Pressé par les impératifs de monsieur Schmatlz, désireux d'atteindre rapidement le Sénégal avant la saison défavorable, le capitaine prend la décision de tirer parti des alizés portuguais, touchés une fois passé le cap Finisterre. La Méduse distance les autres navires, qui étaient censés progresser selon une navigation ordonnée.

À l'approche de Madère, le navire louvoie toute la nuit, craignant les Huit-Roches signalées dans les parages. Bien qu'évitant malhabilement ces dangers, La Méduse, au matin, se trouve 30 lieues trop à l'Est de l'île attendue. Chaumareys déclare que les courants du détroit de Gibraltar ont drossé violemment la frégate. De même, les cartes contenues dans l'Hydrographie française, qui avaient été mises à sa disposition, ainsi que la montre marine, étaient, dira-il plus tard, défectueuses.

Négligence du capitaine
Plusieurs épisodes témoignent d'ores et déjà du manque de rigueur à bord de la Méduse : un mousse de quinze ans disparaît en mer en observant les culbutes des marsouins, tandis qu'un incendie, ...

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