Le 31 juillet 1761, L'Utile, navire négrier appartenant à la Compagnie française des Indes, sombre sur les récifs coralliens de l'île de Sable, baptisée depuis île Tromelin, un minuscule atoll perdu dans l'océan Indien. Parmi les rescapés, on compte une soixantaine d'esclaves malgaches et cent vingt-deux hommes d'équipage français. Ensemble, ils parviennent à construire une embarcation de fortune en utilisant les débris de l'épave. Les Français quittent alors l'île en abandonnant les Malgaches à leur sort, avec la promesse qu'un navire viendra bientôt les secourir. Un engagement non tenu.

Une route maritime inhabituelle
En 1760, L'Utile, une flûte de 136 pieds de long, est armée à Bayonne par la Compagnie des Indes. Il lui faut 147 jours, soit environ 5 mois, pour se rendre à Port-Louis sur l'île de France, actuelle île Maurice, où elle apporte des matières premières nécessaires. On l'envoie ensuite chercher des vivres à Madagascar, en lui interdisant d'acheter des esclaves car l'on redoute une disette sur l'île de France. À cette époque, la traite négrière est proscrite dans l'océan Indien mais le capitaine, Jean de Lafargue, se montre indifférent à cette interdiction. Il fait escale à Foulpointe, un port du nord-est de Madagascar, et embarque 160 esclaves qu'il espère débarquer discrètement sur une autre île, Rodrigues. Pour cela, le capitaine va suivre une route inhabituelle et incertaine.

Terrible naufrage nocturne
Le 31 juillet 1761, le navire percute un haut-fond et se disloque pendant la nuit. René Estienne, ancien conservateur des archives de la Marine à Lorient, a retrouvé un lot de correspondance particulièrement intéressant : Hilarion Dubuisson de Keraudic, ...
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