Interview / Anthony Marchand : "Nous ajustons le curseur entre l'évolution et la fiabilisation de notre Ultim"

© Ronan Gladu

Le 7 janvier 2024, Anthony Marchand prendra le départ de l'Arkea Ultim Challenge, le tour du monde en solo sans escale, réservé aux trimarans de la classe Ultim. A peine revenu de la Transat Jacques Vabre, toute l'équipe d'Actual Team est à pied d'oeuvre. Nous nous sommes entretenus avec Anthony afin qu'il nous décrive les semaines d'avant course.

A quelques semaines du départ de l'Arkea Ultim Challenge, tour du monde en solitaire en trimaran Ultim, Anthony Marchand, le skipper d'Actual répond à nos questions sur la préparation d'un tel défi.

Comment se passe la préparation du bateau en prévision de l'Arkea Ultim Challenge?

Le trimaran a été amené à Lorient pour être démâté pour un contrôle complet de l'espar et de ses périphériques.  On va remettre le mât sous peu et ramener le bateau à la Trinité sur Mer pour continuer le check-up, notamment sur l'électronique et l'hydraulique.

On va ensuite enchainer sur quelques navigations, notamment une séance de 24h. Ca ne sera pas en solo, et il y aura l'équipe technique à bord. Le timing est très court entre la Jacques Vabre et l'Arkea, donc le gros du travail et des entrainements a été effectué en amont.

Les appendices ont-ils souffert sur la transat Jacques Vabre et le convoyage retour ?

Quelques appendices doivent effectivement passer en refit. Le foil babord a été amoché, tout comme le safran qui a pris un coup. Mais ça ne nous a pas empêché de naviguer.

Vas-tu encore programmer quelques séances d'entrainement solo avant le départ ?

Non, l'entrainement solo était surtout avant la Jacques Vabre. Cette année, entre les qualifications pour le Rhum et l'Arkea, j'ai fait 4 500 milles en "vrai solo", sans mediaman et sans équipe technique. C'était une volonté commune entre Yves le Blevec et moi d'accumuler du mille en étant vraiment seul à bord.

J'ai également couru trois premières étapes de The Ocean Race. Etonnamment, ces étapes m'ont apporté un super entrainement pour la navigation en Ultim, surtout pour ma compréhension des mers du Sud. Il est assez rare d'aller naviguer dans ces zones là, ça m'a permis de comprendre les spécificités météorologiques locales.

Comment as-tu géré l'évolution de la plateforme?

En deux ans, on a changé les foils, l'hydraulique de mât et beaucoup d'autres éléments. Quand on fait évoluer une plateforme aussi complexe, on perd en fiabilité. L'idée est de savoir ajuster le curseur entre la nécessité de faire évoluer une machine de course tout en la maintenant fiable.

Physiquement, comment se déroulent les semaines avant une telle course ?

On limite les entrainements physiques, tout en gardant une bonne hygiène de vie. Ca ne sert à rien d'aller en salle de sport ou de faire trop d'exercice. Il est trop tard, et il faut éviter de se blesser bêtement.

Je vais également me faire quelques jours "off", loin de l'eau. J'ai besoin de m'en écarter un peu pour garder l'envie d'aller naviguer. C'est important de s'accorder un break.

Comment se prépare la logistique en cas de problème et d'escale technique ?

On se pose les questions basiques : où s'arrêter en cas de gros problème ? Le Brésil reste l'idéal, car cette escale demande un petit détour. Des pit stop à Capetown ou en Nouvelle-Zélande sont plus problématiques, car cela rallonge beaucoup la route.

Mais je vais quand même embarquer de quoi effectuer de grosses réparations. L'idée reste quand même de ne pas s'arrêter !

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