Transat Anglaise : les grandes dates qui ont marqué cette course à la voile

Les père fondateurs de la course : Blondie Hasler, Francis Chichester et Jack Odling-Smee

La jeune grand-mère qu'est la Transat Anglaise a vécu une histoire bien mouvementée. Retour sur les grands moments de cette course mythique.

Les courses aux large connaissent des hauts et des bas, des moments de rêve et des instants de drame. La Transat Anglaise (l'OSTAR), mythique traversée de l'océan atlantique, ne faillit pas à cette tradition. En étendant les voiles des concurrents sur les rives de l'ancien et du nouveau monde, elle embarque avec elle rêves et espoirs comme désillusions et désespoirs.

1960, les années de jeunesse

GYPSY MOTH 3, le bateau de Sir Francis Chichester
GYPSY MOTH 3, le bateau de Sir Francis Chichester

Lancée en 1960, l'Observer Single-handed Trans-Atlantic Race, autrement dit l'OSTAR compte 5 concurrents pour cette édition. Ces skippers partent de Plymouth (Grande Bretagne) jusqu'à New York (USA). C'est la seule édition qui aura eu la Grosse Pomme pour ligne d'arrivée, un port que rejoindra Jean Lacombe, un concurrent Français, bon dernier, en 74 jours. C'est donc plus d'un mois après que Sir Francis Chichester ait rallié les côtes américaines en vainqueur après 40 jours 12 heures et 30 minutes de traversée océanique.

Tabarly, vainqueur de l'édition 1964
Tabarly, vainqueur de l'édition 1964

L'édition de 1964 sera celle qui façonne la légende Tabarly. Le Français pulvérise le record de Chichester en franchissant l'Atlantique en 27 jours, 3 heures et 56 minutes à bord de Pen Duick II. L'histoire raconte que le navigateur ne possédait aucune conscience d'avoir course gagnée à son arrivée à Newport. Un exploit pouvant en cacher un autre, c'est en avarie de pilote automatique après 8 jours de navigation que le Nantais aura effectué la traversée.

Pen Duick 4, pas prêt à temps pour l'édition 1968
Les Pen Duick au ponton de Lorient

En 1968, le routage météo fait une brève apparition, il sera interdit à l'issue de la course. Tabarly n'a pas pu convenablement préparer le trimaran Pen Duick IV et renonce à prendre le départ face à des vents de plus de 60 nœuds. Etic Willis, concurrent sujet de sa très gracieuse majesté, tombe malade au cours de la traversée et perd connaissance. Sauvé par des hélicoptères de secours du programme Apollo, il sera transporté et hospitalisé dans un état de semi-conscience.

1970, Les années de prises de risques 

Alain Colas, vainqueur de l'édition 1972
Alain Colas, vainqueur de l'édition 1972

L'édition 1972 de la course mettra les Français à l'honneur. Des 55 compétiteurs engagés, 12 viennent de l'hexagone. La traversée sera remportée par Alain Colas, à la barre de Pen Duick IV, en 20 jours, 13 heures et 15 minutes. Victoire symbolique aussi pour Marie-Claude Fauroux qui représentera la première femme à franchir en solitaire l'Atlantique. Le record de Jean Lacome sera lui aussi pulvérisé par Peter Crowther qui réalisera la traversée la plus longue de l'histoire en 88 jours.

La Frégate HMS Adelaide en route pour le sauvetage de Tony Bullimore
La Frégate HMS Adelaide en route pour le sauvetage de Tony Bullimore

Si Tabarly remporte l'édition de 1976, la mémoire de cette course est bien tragique. Tony Bullimore voit son bateau disparaître en flammes alors qu'il est secouru par la frégate HMS Adelaide. Mike Flanagan, un autre Anglais, passe par dessus bord de Galloping Gael et disparaît en mer. Enfin, Mike McMullen disparaît corps et biens aux commandes de Three Cheers. Seul rayon de soleil dans la grisaille de cette course, la participation officieuse de David Sandeman, âgé de seulement 17 ans et 176 jours et non les 18 ans obligatoire pour être inscrit. Il deviendra le marin le plus jeune à avoir franchi l'Atlantique, mais hors course.

1980, les années de maturité

En 1980, les choses se formalisent. Refroidis par l'édition de 76, les organisateurs limitent la jauge des bateaux (56 pieds maximum) et le nombre de concurrents (110 au maximum). L'OSTAR entre dans l'âge adulte, la sécurité devient une préoccupation. Cette édition est remportée par Phil Weld en 17 jours, 23 heures et 12 minutes. Pour la première fois de l'histoire, les bateaux sont suivis en temps réel grâce à la présence à bord de balises de localisation ARGOS.

C'est Yvon Fauconnier qui remporte l'édition suivante de 1984. Non en ayant réalisé le meilleur temps de course, mais grâce à une bonification en temps qu'il aura obtenu. Cela en sauvant Philippe Jeantot dont le bateau Crédit Agricole a chaviré au milieu de l'Atlantique. Le chronomètre avait donné Philippe Poupon pour vainqueur de l'épreuve en 16 jours, 11 heures et 55 minutes, mais les règles auront raison de cette victoire. Edition quasi-française, car 80 % des concurrents sur la ligne d'arrivée viennent de l'hexagone.

Philippe Poupon, brillant vainqueur en 1988
Philippe Poupon, brillant vainqueur en 1988

C'est en 10 jours, 9 heures et 15 minutes que Philippe Poupon remporte l'édition de 1988, à bord de Fleury Michon. Les bateaux deviennent des ordinateurs et les skippers des ingénieurs. Pour la première fois dans la course atlantique, les concurrents parlent de leurs rencontres avec des cétacés. C'est le cas notamment de Mike Birch qui voit son trimaran FujiColor endommagé dans une collision. Plus grave, c'est encerclé par 50 à 60 baleines durant près de 3 jours que le Britannique David Sellings se fera attaquer. Il aura tout juste le temps d'attraper quelques effets personnels avant d'abandonner son bateau qui est en train de couler.

1990, les temps modernes

Florence Arthaud chavirera en 1992
Florence Arthaud (à droite) chavirera en 1992

C'est en favori que Loïck Peyron s'engage sur la course de 1992, course dont il sera vainqueur en 11 jours, 1 heure et 35 minutes. Il aura eu nettement plus de chance, ou d'audace, que ses comparses. Yvan Bourgnon, leader, casse son rail de grand-voile. Florence Arthaud chavire au large de Terre-Neuve et Philippe Poupon rencontre un problème de dérive.

Peter Crowther
Peter Crowther

En 1996, Loïck Peyron remporte de nouveau la course, améliorant d'une journée environ son record de 1992. Il traverse l'Atlantique en 10 jours, 10 heures et 5 minutes, proche du record de Poupon en 1988. Victime d'une voie d'eau, Peter Crowther abandonne Galway Blazer et déclenche sa balise de détresse le 24 juin. Il est sauvé.

2000, les incroyables années

Ellen Macarthur
Ellen Mac Arthur

Pour marquer le nouveau millénaire, Ellen Mac Arthur, navigatrice de talent tout juste âgée de 23 ans impressionne toute la flotte par son culot et sa générosité. Elle avale 75 milles d'avance sur toute la flotte sur un coup de poker, avance qu'elle conservera toute la course durant. La course est remportée finalement par Francis Joyon au terme de 9 jours, 23 heures et 21 minutes d'affrontement entre Thomas Coville, Michel Desjoyeaux, Yves Parlier, Mike Golding, Roland Jourdain ou encore Dominique Wavre.

En 2004, création de 2 compétitions distinctes
En 2004, création de 2 compétitions distinctes

Année de transformation, 2004 marquera le schisme de la course en deux entités, THE TRANSAT pour les marins professionnels et la traditionnelle OSTAR pour les autres. Remportée par Michel Desjoyaux en 8 jours, 8 heures et 29 minutes, la première édition réservée aux skippers pro a connu son lot de sauvetage. Le bateau de Jean-Pierre Dick démâte dans 50 nœuds de vent. Idem pour Vincent Riou sur PRB. Bernard Stamm perd la quille de son IMOCA 60 Cheminées Poujoulat-Armor Lux et chavire. Enfin, changement notable, l'arrivée de la course est prévue à Boston, aux Etats Unis.

Vincent Riou, sauvé par Loïck Peyron en 2008
Vincent Riou, sauvé par Loïck Peyron en 2008

Non-content de remporter la course en 12 jours 8 heures et 45 minutes, Loïck Peyron sauvera la vie de Vincent Riou qui abandonne après avoir percuté un requin pèlerin. Comme si ce n'était pas assez, cette course de 2008 sera la plus rapide de toute l'histoire. Peyron s'imposera en 12 jours, 11 heures et 45 minutes (temps réel), quatre semaines de moins que Sir Francis Chichester en 1960.

2010, années de refondation

Galop d'essai devant Saint Malo en 2016
Galop d'essai devant Saint Malo en 2016

Année de renaissance après 8 ans sans compétition, 2016 marquera le retour à des basiques plus traditionnels. François Gabart remporte la course après un warm-up devant Saint-Malo en arrivant à New-York en 8 jours, 8 heures et 54 minutes. Les foils débarquent et Armel Le Cléac'h impose sa domination sur les archimédiens tels que PRB de Riou. A la barre de Pen Duick II, l'ancien bateau d'Eric Tabarly, Loïck Peyron rend un vibrant hommage au navigateur disparu. Les vents contraires auront eu raison de sa motivation, l'hommage prendra fin avec un abandon après 13 jours de mer.

2020, années de conscience ?

Que nous réserve la prochaine édition ? Elle était initialement prévue pour se courir en 2020 entre Brest en France et Charleston aux USA. La crise internationale due au covid et les incertitudes générées auront fait reporter de 4 années cette compétition. Nul doute que ces 4 années supplémentaires permettront aux concurrents d'affûter un peu plus leurs foilers et de préparer encore plus leurs bateaux à cette épreuve.

Edition 2020, repoussée
Edition 2020, repoussée
Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Michel Foubert
Michel Foubert
En 1968 Eric TABARLY n’a pas renoncé à prendre le départ, il est bien parti sur PEN Duick 4 mais a été heurté par un cargo en sortie de la Manche. PEN Duick 4 a été sérieusement endommagé ce qui a condamné Eric TABARLY à l’abandon.
Christian Chalandre
Christian Chalandre
Une nouvelle fois je me vois obligé de réagir! L'OSTAR est organisée par le RWYC de Plymouth et devait partir traditionnellement de Plymouth le 10 mai 2020 pour Newport (port d'arrivée à l'exception de 1960). Elle est reportée au 9 mai 2021. Elle est courue depuis 1960. A partir de 2004, The transat est uniquement réservée aux professionnels. En 2012, celle-ci n’attire pas les foules, elle est donc reportée. Le RWYC repousse l'OSTAR, le O remplaçant le "Observer" d'origine par "Original" à 2005 2009 2013 2017. Elle est réservée aux amateurs. La course qui doit partir de Brest pour Charleston n' a plus rien à voir avec le "Corinthian spirit" purement amateur! Je trouve tout de même indécent que les Français qui ont tant critiqué les Anglais en 1976, prétendent maintenant être les héritiers de la transat anglaise pour une course qui n'a ni le même port de départ, ni celui d'arrivée, qui ne respecte pas l'esprit purement amateur, alors que la course d'origine existe toujours! En photo: remise des prix de l'OSTAR 2017 de la Jester Class: de gauche à droite: Mervyn 4ième participation, abandon; Kass abandon; Christian 3 ième participation vainqueur sur OLBIA, SS34; Neyl second, David Race director en 2009 et 2013 concurrent en 2017, abandon. Peter 10ième participation, abandon.
The Royal Western Yacht Club of England | Competitors

The Royal Western Yacht Club of England | Competitors

The Royal Western Yacht Club of England which is internationally known as one of the worlds premier yacht clubs and for its major contribution to the development of short handed ocean racing. The Plymouth based Club is also recognised as one of the finest yacht clubs in the South of England providing the best possible facilities, overlooking Plymouth Sound, for all generations to enjoy both afloat and ashore.

rwyc.org
Jean Salaün
Jean Salaün
Au fait les Tabarly ne sont pas Nantais mais Angevins une drole de pépinière de Marins
Wake Ski
Wake Ski
De mémoire, Jean Lacombe avait un " CAP HORN " en 1960. En 1964, il traversera de nouveau , mais à la barre d'un GOLIF (en "plastique" construit par le chantier Naval JOUËT de Sartrouville en région parisienne).
Ajouter un commentaire...