Interview / Alexia Barrier : "Arriver 1er sur la ligne de la Middle Sea Race était une obligation."

© Andrea Azzopardi

La période est chargée pour Alexia Barrier et son équipe ! En plus de s'entrainer à bord de son MOD 70 basé en Méditerranée, l'équipe de The Famous Project suit actuellement le chantier d'hiver de son maxi trimaran Idec Sport, qui suit son cours chez Multiplast. Rencontre juste après son arrivée victorieuse sur l'île de Malte.

Alexia Barrier porte son projet 100 % féminin The Famous Project sur 6 coques, 3 en Méditerranée avec le MOD 70 et 3 en Atlantique sur l'ex IDEC Sport. Elle nous explique les divers pans du projet, au lendemain de sa victoire sur la Middle Sea Race. 2023

Comment s'est déroulée cette saison sur le MOD 70?

On a eu une semaine d'entrainements en mai, pendant laquelle nous avons eu Brian Thomson comme coach. On a battu le Record des Griffes du Lion, ce qui nous a permis de nous conforter dans notre maîtrise du trimaran. Puis on a fait beaucoup de navigations de relations publiques et de découvertes grand public. Pour la Middle Sea Race, on s'est aligné au départ avec Dee Caffari, Marie Riou, Elodie Jane Mettraux, Sara Heistreiter, Jonny Malbon, Jeff Mearing, Tom Dawson et Robin Christol.

On a pu pousser le bateau, qui est de nature assez volage. Pour nous, c'était important de valider ces phases un peu critiques, et de gérer au mieux la machine dans ces situations-là. La concurrence était plutôt faible cette année, donc arriver 1er sur la ligne était une obligation.

C'est ta deuxième victoire sur la Middle Sea Race, qui a regroupé cette année 109 voiliers. Comment s'est déroulé cette édition ?

C'était une très belle course, hyper technique, des moments sans vents, et des claques à 30-35 nœuds, typique de la Méditerranée. Ça peut vite devenir hyper rock'n'roll. Le passage de Messine est à la fois technique et engagé. Les transitions sans vent ne sont pas les plus reposantes, car on attend le nouveau système météo tout en régulant plus fréquemment. On a bien progressé sur la conduite de bateau et le positionnement par rapport aux systèmes météos.

Quel est la suite du programme pour le MOD 70 ?

Je vais aller le chercher après le départ de la transat Jaques Vabre, pour le ramener à la Seyne-sur-Mer.

C est le seul Mod qui n'a pas connu de modifications, et qui a relativement peu navigué. On va changer le rake du mat, on va passer de 4 à 6 degrès, ce qui le rendra plus safe, il plantera moins. On aimerait mettre un système de live stream pour mieux communiquer à bord.

Pour la partie énergie, on va mettre une pile à combustible et des panneaux solaires, et basculer à moyen terme sur une motorisation électrique. Ce chantier est d'autant plus important qu'il nous sert de plateforme de test pour les futures modifications du trimaran géant Idec Sport.

Tu vas donc suivre deux chantiers en même temps, l'un à la Seyne sur Mer chez Monaco Marine et l'autre à Vannes chez Multiplast. Quelle est la job list sur Idec Sport ?

On va rafraichir un peu le bateau, qui a besoin d'un coup de propre. On consolide certains points qui ont un peu vieilli. On va surtout rajouter une casquette pour protéger l'équipage.

Faire ce chantier chez Multiplast est vraiment top. On est juste à côté du cabinet VPLP, qui a dessiné le bateau lancé en 2006, et North Sails, qui réalise notre jeu de voiles. On ne va pas révolutionner la plateforme, mais on ne va pas s'interdire de rajouter des safrans en T pour voir ce que ça donne. On travaille sur ce sujet avec les Startup du groupe Idec. La mise à l'eau est prévue en avril, après le Spi Ouest France.

Avec deux trimarans dans la même team, quel est le programme de navigation pour 2024 ?

Avec le trimaran Idec Sport, l'objectif est d'enchaîner les entrainements. Puis, nous allons nous attaquer à une série de 9 records sur l'Atlantique, avec notamment le tour de l'Irlande et le tour des îles Britanniques. Notre but est à la fois d'établir des temps de référence avec des équipages féminins, mais également de battre le record en scratch.

Le MOD 70 va participer à la Transat du RORC, puis à la Caribbean 600. Il enchainera ensuite sur la Quebec-Saint Malo pour son retour en Europe.

Le programme est très dense. Décris-nous un peu le staff nécessaire pour mener deux trimarans de course au large.

Je suis entourée par une équipe au top, avec Dee Caffari comme bras droit. On est 7 permanents, et une quinzaine de navigants. On continue de recruter des navigatrices pour nos différentes navigations. On a déjà reçu beaucoup de demandes d'embarquement. On essaye d'avoir des équipières qui viennent d'horizons divers, qui peuvent apporter des richesses humaines supplémentaires.

L'objectif final est de s'élancer à bord du maxi-trimaran Idec Sport pour décrocher le trophée Jules Verne, idéalement fin 2024.

Les causes féminines et environnementales sont des valeurs que tu portes depuis tes débuts dans la course au large. Comment parviens-tu à les mettre en avant ?

Nous avons lancé "The Famous Academy", qui a pour objectif d'aider des femmes à présenter de beaux projets, et à faciliter leur mise en avant. On va démarrer avec un premier projet à Lanzarote, aux Canaries.  On va également présenter un film de réalité virtuelle pour les enfants de la planète qui n'ont pas un accès à la mer. Ce film, monté en partenariat avec l'Unesco, sera d'abord présenté en France puis dans d'autres pays par la suite.

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