Interview / Ludovic Gérard sur la Cap Martinique : "Il est primordial de prendre du plaisir sur l'eau"

© Yohan Brandt

Après une belle victoire en double sur la première édition de la Cap Martinique, Ludovic Gérard remet son titre en jeu. Mais c'est en solo qu'il prendra le départ de la seconde édition de cette course transatlantique pour amateurs éclairés, au départ de la Trinité-sur-Mer. Il nous explique ce retour.

Avant de repartir de la Trinité-sur-Mer sur la 2ème édition de la Cap Martinique, à destination de Fort-de-France, Ludovic Gérard, auréolé de sa victoire en double, nous explique le nouveau défi qu'il se lance en solitaire sur l'Atlantique.

Ludovic, quel a été ton parcours et pourquoi revenir sur cette course ?

J'ai 52 ans, et j'ai un parcours assez classique de coureur. Dériveur, Tour de France à la voile, j'ai beaucoup couru sur toutes sortes de voiliers. Puis, je me suis orienté par goût sur les courses offshore. J'ai réalisé ma première transat en solo sur la Transquadra 2015 sur le A31 que j'avais à l'époque.

Le A31 Solenn
Le A31 Solenn

J'ai changé de bateau pour acquérir un JPK 1080, que j'ai réceptionné en 2016. J'ai beaucoup couru en équipage, puis progressivement en équipage réduit.

Ludovic Gérard (à gauche) et Nicolas Brossay ©yohanbrandt
Ludovic Gérard (à gauche) et Nicolas Brossay ©yohanbrandt

En 2022, on a bien marché. On a gagné la Middle Sea Race , la Drheam Cup puis la Cap Martinique, que j'ai courue en double avec Nicolas Brossay. Nicolas était un très bon ami et un équipier fidèle depuis de nombreuses années.

Pourquoi repartir en solo ?

Nicolas avait envie de régater sur des gros bateaux en équipages. De mon côté, je voulais absolument repartir sur une transat. J'ai commencé à me poser des questions, afin de valider ou non le fait de repartir en solitaire.

J'avais déjà effectué de longs convoyages en solo avec ce bateau. Ça m'avait permis de valider le fait que naviguer seul me plaisait, il ne faut pas oublier qu on fait de la voile amateur. On n'est pas là pour se faire mal, il est primordial de prendre du plaisir.

Mais je n'ai jamais navigué plus de 5 jours en solitaire. J'ai hâte de voir ce qu'il se passe après le 6e jour !

Quelles modifications as-tu apportées à ton bateau ?

©yohanbrandt
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Solenn est donc un JPK 1080 lancé en 2016. C'est un bateau très bien construit, très fiable. Nous avons tous les deux parcouru près de 20 000 milles depuis sa réception. Je le connais par cœur. Quand je dors, je sais si on est à la bonne vitesse et si nous avons les bons réglages.

Je n'ai pas effectué de grosses modifications mais surtout de l'optimisation.

J'ai rajouté un deuxième pilote NKE. J'avais déjà un Gyro 2 et j'ai monté un Gyro 3 avec un vérin électrique, immédiatement disponible avec un switch. Côté gréement, j'ai changé l'étai et le pataras.

Solenn a toujours été très bien suivi. Je suis hyper soigneux, car la voile reste un sport mécanique.

En ce qui me concerne, j'ai beaucoup travaillé les modules météos pour affiner ma stratégie. Nous naviguons sans routage et l'organisation a décidé de limiter la bande passante à bord de nos bateaux. Nous recevrons des infos par Iridium Go. Ca limitera les possibilités de communication avec la terre, mais ça rend la course encore plus passionnante.

Quels sont les concurrents que tu vas regarder de près ?

Il y a beaucoup de navigateurs affutés. Quentin Froment et Alex Ozon sont vraiment bons et ont une bonne expérience sur leurs bateaux respectifs. Le Sud-Africain Adrian Kettel s'est également beaucoup entrainé et a gagné la transatlantique Le Cap – Rio en solo.

Mais encore une fois, au-delà de l'aspect sportif, on y va pour se faire plaisir. L'ambiance est très chaleureuse entre les concurrents.

Tu portes de nouveau les couleurs de l'association Pure Océan. Décris-nous ses objectifs :

Au cours de toutes ces années de navigation, comme beaucoup d'autres, je suis témoin de la détérioration de nos océans. Je suis un des ambassadeurs de la fondation "Pure Ocean", qui est un fonds de dotation opérant à l'échelle internationale, avec des bureaux à Marseille et à Lorient. Son objectif principal est de rassembler la société civile pour apporter son soutien à des projets scientifiques novateurs visant à protéger la biodiversité ainsi que les écosystèmes marins vulnérables.

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