Pen Duick V, la naissance de l'ancêtre des monocoques 60 pieds IMOCA

Pen Duick V sur la Juris Cup 2009 à Marseille © G.MARTIN RAGET-BPCE

À chaque course son bateau, telle était la devise d'Éric Tabarly. Après les quatre premiers Pen Duick, il en va donc de même pour Pen Duick V, un monocoque de 35 pieds conçu pour la Transpacifique San-Francisco — Tokyo organisée par la Slocum Society en 1969. Et comme sur ses autres bateaux, Tabarly est visionnaire. Ainsi, Pen Duick V sera le premier voilier de course à ballasts, précurseur des monocoques de 60 pieds IMOCA.

L'ancêtre des IMOCA

En septembre 1968, Éric Tabarly apprend dans une revue nautique la création d'une nouvelle course au large : une traversée du Pacifique en solitaire entre San Francisco – Tokyo et organisée par la Slocum Society. Mais cette course est réservée exclusivement aux monocoques entre 22 et 35 pieds (10,67 m), exit donc Pen Duick III et Pen Duick IV. Tabarly décide donc de construire un nouveau bateau, qui répond au programme de la course et qui sera à l'aise au portant, l'allure la plus adaptée au parcours.

Pour concevoir Pen Duick IV, le skipper travaille avec les architectes Michel Bigoin et Daniel Duvergie. C'est à ce duo que l'on doit le bateau de série Aïkido, un voilier de 10 m qui avait séduit Tabarly par son programme, avec une belle largeur et un bouchain longitudinal à la flottaison réduisant la surface mouillée au portant tout en augmentant la flottabilité dès les premiers angles de gîte.

Le bateau en aluminium est construit aux Chantiers La Perrière à Lorient, comme Pen Duick III et IV et sera mis à l'eau le 4 janvier 1969.

Pour disposer d'une longueur maximale de flottaison, les élancements de la coque à bouchain sont réduits, la largeur est importante (3,50 m), ses lignes arrière sont larges et porteuses et sa carène possède un redan, comme sur les bateaux à moteur. Pour assurer la stabilité, Pen Duick V dispose d'une quille longue et profonde de 2,30 m avec une torpille de 400 kg en plomb, équipée d'un d'un trimmer sur le bord de fuite pour combattre la dérive. Enfin, pour renforcer la stabilité sans trop alourdir le bateau et compenser la gîte selon les allures, Tabarly a imaginé un système de ballasts destiné à recevoir du lest liquide. Il suffit de 20 minutes de pompe manuelle pour remplir les 500 litres d'eau de mer.

C'est en s'inspirant des Sand Baggers – voiliers américains très voilés qui compensent la gîte avec des sacs de sable placés au vent – que lui vient cette idée, que l'on retrouvera des années plus tard sur les monocoques des tours du monde BOC et du Vendée Globe.

Pour le plan de voilure, ce sera un gréement sloop mais innovant. Le skipper pourra passer – en solitaire – d'un plan de voilure de 63 m2 au près à 150 m2 au portant grâce à un dispositif spécialement développé. Des focs jumeaux de 65 m2 sont placés sur des étais à rouleaux et sont tenus au point d'écoute par des tangons télescopiques de 7,50 m.

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