Savoir-faire / Mieux naviguer sous spi, éviter le cocotier

Un coquetier ou cocotier. © Bateaux.com

Faire un cocotier avec le spi, c'est une des figures de style les plus fréquentes avec cette voile instable. Statistiquement, si ça ne vous est pas déjà arrivé, alors c'est pour bientôt. Soyez rassuré, ce n'est pas une fatalité, car il y a quelques précautions permettant de l'éviter et également des solutions pour s'en sortir.

Si avec un spinnaker, on parle de faire un cocotier, c'est surement en référence aux grosses poches de spi qui se balancent dans le vent comme l'arbre plein de noix de coco.

On évoque presque aussi souvent le coquetier en référence évidente à sa forme galbée et il en va de même pour l'image du soutien-gorge à gros bonnets. Nos voisins anglais, non moins descriptifs, parlent eux d'un sablier, « the hourglass ».

Pas de polémique pour autant, car c'est le portrait d'un même phénomène, un spinnaker qui s'enroule autour de lui-même formant deux grosses poches instables. Et c'est probablement la figure de style en spinnaker la plus courante, tous les équipages qui naviguent sous spi l'ont déjà expérimenté.

Comment le spi vient à s'enrouler sur lui-même?

En navigation, le cocotier se forme le plus souvent lors d'un empannage trop lent alors que l'écoute est larguée trop longue.

La toile de la chute du spinnaker va être entrainée par l'air tourbillonnant derrière la grand-voile causant son gonflement à contre. Le spi va s'enrouler sur lui-même jusqu'à ce que cette belle voile ressemble à un chiffon qu'on tord pour l'essorage.

Prendre ses précautions lors de l'envoi

Le cocotier est souvent déjà prêt dans sa baille. Il s'agit en général d'une voile affalée en vrac dans un sac sans défaire d'éventuels tours que le spi aurait pris durant la manœuvre.

La plupart du temps, le cocotier peut être évité avec un bon pliage du spinnaker. Le mieux est de réussir à affaler la voile sans tour dans sa baille. Mais comme c'est rarement le cas, une fois à l'intérieur du carré il faut souvent remettre le spi correctement dans sa baille.

On doit partir de la têtière et aller chercher les points d'écoute et d'amure sans lâcher les bordures. C'est une habitude à prendre, après chaque affalalge, on part du point de drisse, on suit les bandes de couleur et l'on réunit les 3 points.

Anticiper pour éviter le cocotier

Si le spinnaker fait un cocotier durant une manœuvre, ce sera probablement à l'envoi, avant qu'elle ne gonfle, ou pendant un empannage. Le spi est livré à lui-même et il est pris à contre dans les tourbillons créés derrière la grand-voile.

Pour éviter ce problème, on commencera par limiter le temps de fausse panne minimum nécessaire. Et surtout, on doit veiller à ne pas trop larguer l'écoute.

  • Lors de l'envoi de spi, on doit pré-border l'écoute, juste ce qu'il faut pour que la voile se dévente et ne soit pas propulsive.
  • Durant un empannage en équipage, on pourra contrôler le point d'écoute en coordonnant le choqué de l'ancienne écoute et la reprise de la nouvelle écoute. Ainsi le spi aura peu de latitude pour s'enrouler sur lui-même.
  • Un vieux spi aura tendance à faire plus de cocotiers. En effet, la toile à spi neuve est livrée avec une finition siliconée qui la rend glissante. En vieillissant, la toile perd ce revêtement et les tours de spi sont plus serrés et plus difficiles à défaire.
Pour voir de vrais cocotiers par la route des Alizés, il vaut mieux savoir éviter les coquetiers

Les solutions après un cocotier

Si le cocotier apparait au moment du hissage, on doit résister à l'envie de tirer sur l'écoute de spi.

  • Il faut immédiatement stopper la drisse dès qu'on a remarqué le cocotier.
  • Un équipier doit tenir la toile du spi sur la plage avant ou mieux derrière la grand-voile, pour éviter qu'elle ne se gonfle.
  • C'est à ce moment qu'un autre équipier pourra enlever les tours en suivant le point d'écoute le long de la chute. Pour bien faire, on doit peser de tout son poids, verticalement, en tenant fermement la chute de la voile.
  • Si les tours sont trop hauts, demandez de partiellement larguer la drisse. Et l'équipier continue de tirer sur le point d'écoute jusqu'à ce que l'ensemble des tours soient évacués par la rotation de la drisse.
  • Et s'il y a des tours récalcitrants, vous devrez finir le travail de détoronnage de spi sur la plage avant.

Si le spi fait un cocotier durant un empannage, il y a 4 stratégies.

  • Attendre en espérant que les tours se défassent. Ça marche… parfois, seulement si les tours ne sont pas serrés et que vous avez un peu de chance.
  • Si la toile de spi est assez neuve pour bien glisser et l'on peut essayer de lofer et border la voile pour que les tours se défassent sous la pression. En pratique, ça ne marche pas si souvent.
  • Empanner la grand-voile en considérant que les tourbillons qui ont créé le cocotier pourront défaire ce même coquetier. Les remous vont s'inverser avec l'empannage de la grand-voile. Dans la pratique, c'est généralement efficace.
  • La dernière approche, mais qui peut être utilisée en premier recours, consiste à choquer la drisse de spi sur plusieurs mètres. La voile va se mettre un peu à l'horizontale. La drisse aura plus de liberté pour tourner sur elle-même, et évacuer les tours de spi.

Si les tours sont si nombreux et tellement serrés qu'ils semblent indéfaisables, il faut affaler la voile. Une fois à bord, vous pourrez alors enlever tous les tours jusqu'au dernier puis replier la voile dans son sac dans les règles de l'art jusqu'au prochain envoi.

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Guy Crombé
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Cocotier ? Ou coquetier..?
Yann Venance
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