Comment la Gendarmerie Maritime envisage la consommation d'alcool en bateau ?

Vedette P616 Trieux de la Marine Nationale à disposition de la gendarmerie maritime de Saint Malo

Nous sommes allés échanger avec la Gendarmerie Maritime de Saint-Malo à propos de la consommation d'alcool à la barre de nos bateaux. Les autorités nous rapportent leur vision, même si elle se montre un peu démunie pour agir sur nos bateaux de plaisance.

Nous avons rencontré la Gendarmerie Maritime de Saint-Malo. Le Chef d'Escadron Francis Hermitte, commandant de la compagnie de gendarmerie maritime de Brest (dont dépend Saint-Malo) et le Major Alain Wiemann, commandant de la brigade de Saint-Malo ont répondu à nos questions. Si la situation de la consommation d'alcool sur nos bateaux de plaisance n'est pas dramatique, il n'empêche que l'alcoolisation a toujours un impact sur la sécurité de la plaisance.

Le Commandant et le Major devant la Gendarmerie Maritime de Saint-Malo
Le Commandant et le Major devant la Gendarmerie Maritime de Saint-Malo

Absence de règlementation pour verbaliser

Chef d'Escadron Francis Hermitte : "La réglementation ne définit pas pour les plaisanciers, de limite au-delà de laquelle la personne qui navigue n'est plus en mesure de le faire, à l'instar de ce qui se fait pour la voiture. Cela crée une situation dans laquelle en cas de sinistre, le seul juge sera la compagnie d'assurance. Celle-ci dans ses conditions générales, fera toujours figurer la notion de capacité à piloter, que certains traduisent trop rapidement par le fait de posséder le permis. Ce n'est pas le cas : la capacité à naviguer, c'est l'état d'une personne, à un instant donné, qui la met ou non en mesure de manipuler son bateau. Et comme il n'y a pas de limite légale, c'est l'imprégnation alcoolique qui sera prise en compte."

Impact réel sur les capacités à naviguer sans risque

"L'absorption d'alcool a dans tous les cas un impact sur les capacités au moins motrices de la personne qui aura bu. Première difficulté, l'équilibre sera de fait moins bon. Sur un bateau, ce sera un important vecteur de chute, potentiellement à l'eau. Ensuite, les capacités de réaction sont altérées, qu'il s'agisse de réagir à un événement de navigation tel qu'un croisement ou un risque d'abordage ou encore un événement de bord comme une chute à l'eau d'un autre équipier par exemple. Enfin, par son effet désinhibiteur, l'alcool amènera à une prise de risques supérieure qu'il s'agisse de vitesse, de diminution du pied de pilote, du non-port du coupe-circuit ou des équipements de sécurité classiques. Le plaisancier alcoolisé aura toujours tendance à surévaluer ses capacités et ses compétences, parfois trop."

En plongée sous-marine, l'alcool présente des dangers immédiats
En plongée sous-marine, l'alcool présente des dangers immédiats

"Les capacités sportives sont fortement diminuées. L'alcoolisation donne froid et une chute à l'eau sous l'empire de l'alcool pourra rapidement devenir un accident majeur. Le plaisancier tombé à l'eau n'étant pas toujours capable de rejoindre le bord. Je ne parle pas des plongeurs. Il n'est pas même imaginable de plonger en ayant bu quelque alcool. La plongée sous-marine nécessite une conscience absolue de son environnement et d'une maîtrise de son activité."

"On ne peut pas dire que l'alcool déclenche les accidents, nous n'avons pas de statistiques à proprement parler dans ce sens, mais les accidents les plus graves surviennent trop souvent sous l'emprise de l'alcool."

Celui qui barre, c'est celui qui ne boit pas !

À propos de prévention, le Commandant Hermitte nous explique : "Nous rencontrons et proposons de rencontrer, chaque année avant le démarrage de la saison les responsables des associations de plaisanciers, les présidents des stations nautiques ou les clubs de voile, pour expliquer et rabâcher le principe identique de l'automobile : celui qui barre c'est celui qui ne boit pas. Seulement, la mer demeure un espace de liberté au sein duquel les règles sont difficiles à appliquer de façon coercitive. La prise de conscience doit venir des usagers eux-mêmes, une méthode identique à celle appliquée en automobile est matériellement impossible. Tous les acteurs sont conscients des risques, peu le sont du fait qu'il n'existe aucune limite légale d'alcoolisation pour barrer."

Du côté des professionnels

Focus rapide sur les professionnels pour lesquels une législation en place permet la répression. "Le milieu professionnel a connu une mutation depuis la mise en application de la législation sur l'alcool. L'alcoolisation a quasiment disparu, mais elle a été remplacée par d'autres substances psychoactives, le cannabis au premier plan."

Le propos de nos interlocuteurs n'est ni moralisateur ni culpabilisant. Il donne la position des autorités, qui trop souvent, ramassent les corps et subissent de plein fouet les effets de l'alcool à bord. Le rappel au bon sens et à l'intelligence reste le seul garant d'une pratique ludique et conviviale de la plaisance, sans prise de risque inutile.

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