Interview / Amélie Grassi : "Créer des habitudes et ouvrir des postes aux femmes"

Amélie Grassi

Alors que le programme UpWind by MerConcept mène la sélection d'un équipage 100 % féminin en Ocean Fifty aux côtés de la skipper italo-américaine Francesca Clapcich, nous avons rencontré quelques candidates pour échanger sur leurs motivations et leur vision de l'effet du projet pour la place des femmes en course au large et en multicoque. Echanges avec la navigatrice Amélie Grassi.

Amélie Grassi fait partie des navigatrices participant à la phase finale des sélections du projet UpWind by MerConcept, destiné à monter un équipage 100 % féminin sur l'Ocean Fifty UpWind skippé par Francesca Clapcich. Elle répond à nos questions sur le projet et sa participation.

Tu as déjà un projet personnel en Class40, pourquoi candidater au projet UpWind by MerConcept ?

J'aime beaucoup le multicoque. J'en ai fait beaucoup étant jeune sur de petits catamarans. Ce n'est pas si simple de trouver des opportunités d'embarquer. J'ai eu la chance de le faire sur l'Ultim Actual sur plusieurs courses. C'est extrêmement stimulant. Cela faisait plusieurs mois que je cherchais et avais sollicité plusieurs Ocean Fifty quand j'ai découvert le projet. J'ai donc évidemment candidaté.

J'ai encore le projet de Class40 avec la Boulangère Bio, mais ce n'est pas vraiment un problème. Les programmes de course sont très complémentaires.

Class40 d'Amélie Grassi
Class40 d'Amélie Grassi

Comment vois-tu le passage au multicoque ? As-tu déjà fait de l'Ocean Fifty ?

J'ai fait un grand prix en Multi 50, il y a longtemps à Saint-Quay, mais ce n'était pas vraiment les mêmes bateaux. Il n'y avait pas encore les foils. Il faut évidemment aimer le multicoque, qui n'est pas forcément sécurisant. Personnellement, j'aurai tendance à dire grisant. Il y a évidemment de la pression car le moindre geste a des conséquences. Il y a de l'exigence. Il faut être sur le qui-vive tout le temps.

Que penses-tu du choix du 100 % féminin ?

Il y a de l'intérêt à tous les formats, le solo, le duo, le mixte, le non mixte. Evidemment l'idéal serait la mixité. Mais il faut être lucide, dans notre secteur, nous sommes loin du mixte. Et pourtant, s'il y a eu 122 candidates, cela signifie qu'il y a plein de femmes qui ont envie de naviguer. C'est une période clef. Déjà avec la Boulangère, nous avons ce cahier des charges 100 % féminin, avec l'idée de créer des opportunités. Je n'ai jamais eu à faire des concessions sur la performance. Sur les évènements plus en équipage, j'ai réussi à inviter des femmes avec moins d'expérience. Pour UpWind, l'idée est identique : impulser et créer des opportunités. Après ce sera plus naturel. L'humain est confort dans ses habitudes. En créant des habitudes, on ouvrira des postes à bord aux femmes.

Que penses-tu du format Ocean Fifty, avec du large et du grand prix ?

Je suis attachée au large. L'aventure et le fait de traverser des océans restent ma motivation. Mais le contact est stimulant. C'est un mixte génial entre le plaisir du régatier à la journée et l'offshore. D'ailleurs, il a l'air de séduire pas mal de coureurs.

Sélection sur des parcours Inshore en Diam 24
Sélection sur des parcours Inshore en Diam 24

Quel est l'intérêt de l'aspect international d'un projet comme UpWind ?

C'est intéressant. On passe les entretiens en anglais. La course au large reste très francophone, même si l'on a en tête des noms qui réussissent en dehors. Cela apporte de la diversité, casse les codes et ouvre des perspectives. Un projet comme celui-là permet aussi de chercher des talents dans des pays où la course au large est moins développée. Certaines des candidates ont principalement fait du dériveur.

Passer à une grande écurie après avoir son propre projet. N'y a-t-il pas un risque comme on le dit dans les équipes de Figaro de perdre le contact avec la recherche de sponsor ?

Gérer son propre projet est très stimulant. On développe plein de compétences, mais c'est aussi très fatigant. C'est bien d'alterner. L'expérience avec Biotherm sur the Ocean Race, par exemple, était super. Cela laisse plus d'espace pour développer d'autres aspects plus techniques. En intégrant une équipe comme MerConcept, un des meilleurs acteurs du domaine, on croise des gens avec beaucoup d'expérience dans tous les domaines, ce qui apporte en retournant ensuite à son projet.

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