Le Modélisme Naval Hermanville (MNH), association dédiée aux passionnés du monde maritime miniature, consacre la majorité de son temps à un chantier naval un peu particulier : celui de la reproduction fidèle de bateaux, tant modernes qu'anciens. Chacun de ses membres possède le savoir-faire nécessaire pour transformer chaque maquette en une œuvre d'art, véritable témoignage du patrimoine nautique. Zoom sur quelques réalisations historiques.
Le charme vintage des bateaux à aubes
Le Club Modélisme Naval Hermanville (MNH) se distingue par la reproduction miniature fidèle de divers types de bateaux historiques. Parmi ces modèles, Daisy-Belle occupe une place particulière. Construit d'après un plan Marieville, Daisy-Belle était un bateau propulsé par des roues à aubes. Ces grandes roues munies de palettes plongent dans l'eau pour créer une propulsion, un mécanisme relativement ancien associé aux bateaux à vapeur du 19e siècle et à l'avènement des voyages plus rapides et plus efficaces sur les cours d'eau.
Le Daisy-Belle évoque non seulement la technologie du passé mais aussi la culture populaire. On peut y voir une référence à la Daisy-Belle du capitaine Barrows dans l'une des histoires de la série Lucky Luke : En remontant le Mississippi.
Les vieux gréements : témoins d'un autre temps
Le MNH s'attache particulièrement à reproduire les vieux gréements. Parmi eux, Renard, un cotre corsaire de 30 mètres, est le dernier bateau armé en 1812 par le corsaire malouin Robert Surcouf. Un modèle construit avec minutie, témoin emblématique de l'histoire de Saint-Malo et de la vie des corsaires.
Un autre vieux gréement remarquable reproduit par le MNH est Déhel, un cotre aurique construit en 1931 par le chantier Lacheray à Honfleur pour le pêcheur Charles-Pierre Lemoigne. Ce bateau, nommé d'après les initiales des cinq pilotes qui l'armaient, a servi principalement à la pêche jusqu'en 1967. Après une période de désarmement, il a été restauré en 1968 par son constructeur d'origine, Albert Lacheray.
Classé Monument Historique depuis 1993, Déhel a connu plusieurs restaurations avant de reprendre le service en tant que bateau de croisière. Racheté par l'AMERAMI en 1985, il a été restauré entre 1989 et 1994. Aujourd'hui, il navigue principalement depuis Honfleur, offrant des croisières vers divers ports, dont Fécamp, Le Havre et Caen, et a exploré les côtes de la Bretagne et des îles anglo-normandes.
La maquette du Cap Sizun, réalisée à l'échelle 1/15e, est quant-à-elle une fidèle reproduction du Lapart Bihen d'Audierne. Ce modèle historique, gréé en dundee avec un mât de tapecul supplémentaire placé derrière la barre franche, reflète les caractéristiques des sloop langoustiers typiques des années 1930.
Ces bateaux étaient équipés d'un vivier à eau vive, ce qui leur donnait une silhouette ventrue. Cette partie du bateau était ensuite scellée lors des sorties de pêche au thon. Pour cette activité, les bateaux utilisaient de grandes perches appelées "tangons" pour déployer diverses lignes, fixées aussi bien au sommet du mât de tapecul que sur les autres perches à la traîne, afin d'éviter les emmêlements.
Les bateaux d'exploration océanographiques
Parmi les nombreuses reproductions du MNH, le modèle réduit de Calypso tient une place de choix. Réalisé à l'échelle 1/22e, ce modèle met en lumière le célèbre bateau océanographique du commandant Cousteau qui a marqué l'histoire de l'exploration scientifique maritime à travers ses documentaires.
Calypso a navigué avec l'équipe de Cousteau sur toutes les mers et océans du globe de 1951 à 1996. À l'origine, ce bateau était un dragueur de mines à coque en bois construit pour la Royal Navy, lancé en 1942 et mis en service actif en 1943. Après la Seconde Guerre mondiale, Calypso servait de ferry entre Malte et l'île de Gozo, baptisée du nom de la nymphe Calypso, une figure de la mythologie grecque. En 1950, le navire fut acheté par un milliardaire irlandais à travers une société anglo-française, puis loué au commandant Cousteau pour un franc symbolique par an. Transformée pour devenir un navire océanographique, Calypso a été équipée des outils nécessaires à l'exploration scientifique.
Le navire mesurait 42,35 mètres de long pour une largeur de 7,47 mètres, avec un tonnage de 402 tonnes. Le modèle de la Calypso exposé par le MNH permet aux visiteurs de revivre les grandes heures de l'exploration nautique et de rendre hommage à l'une des figures les plus emblématiques de l'océanographie moderne.
Parmi les autres bateaux d'exploration océanographique reproduits par le MNH, nous retrouvons Thalia, un petit bateau côtier de 7,40 mètres dédié à l'exploration des façades métropolitaines de la Manche et de l'Atlantique par Ifremer. Thalia embarque des scientifiques pour des missions de cinq jours consécutifs, consacrant ses recherches à la biologie, la chimie, l'océanographie physique et la géologie.
Thalia joue un rôle crucial dans l'évaluation des ressources de pêche, notamment des coquilles Saint-Jacques et des jeunes poissons. Dans le cadre des campagnes régulières, Comor et Cosb, ce bateau drague la coquille Saint-Jacques de la baie de Seine à la baie de Saint-Brieuc, ce qui permet d'évaluer précisément les stocks de cette espèce primordiale des pêches françaises depuis les années 1990. La campagne Rocchsed, quant à elle, vise à étudier la pollution chimique dans les sédiments sur plusieurs années. En Manche et en Atlantique, des carottes d'un mètre révèlent l'accumulation des polluants depuis le début de l'ère industrielle jusqu'à nos jours. En outre, Thalia permet de réaliser la cartographie géologique des fonds marins côtiers afin d'aider à comprendre la mise en place et l'évolution des bancs de sable et des dunes sur le plateau continental, ainsi que la succession des dépôts sédimentaires en fonction des variations du niveau marin dans les baies et estuaires. En reproduisant des modèles tels que Calypso et Thalia, le MNH contribue à la préservation et à la diffusion du patrimoine nautique et scientifique.
Le bateau de la défense des océans
MV Steve Irwin, appartenant à la Sea Shepherd Conservation Society (SSCS), est un bateau emblématique dans la lutte pour la protection des océans. Acquis par la SSCS en 2005, il fut initialement baptisé MV Robert Hunter, en hommage au cofondateur de Greenpeace, Bob Hunter, décédé en mai de la même année. Cependant, en 2007, le navire fut renommé MV Steve Irwin, en hommage à l'Australien Steve Irwin, célèbre défenseur de la faune sauvage.
MV Steve Irwin était principalement engagé dans des campagnes de lutte contre la chasse à la baleine dans les eaux de l'Antarctique, malgré l'absence d'une coque certifiée pour la glace. Équipé d'une plate-forme pour hélicoptère et d'un hangar pour protéger celui-ci des canons à eau utilisés par les baleiniers japonais lors des confrontations, le Steve Irwin était bien équipé pour ses missions.
Le numéro 1977 inscrit sur la coque fait référence à l'année de création de la SSCS. Après des années de service acharné, en 2018, Sea Shepherd a annoncé la retraite du MV Steve Irwin. En capturant les détails de ce bateau légendaire à une échelle réduite, le MNH perpétue l'héritage du Steve Irwin et rappelle l'importance de la protection des mers et des océans.