Huile, essence, gasoil, eau de cale ou encore liquide de refroidissement. Y compris lorsqu'ils sont convenablement entretenus, nos moteurs de bateaux, inboard comme hors-bord, génèrent leur lot de pollution et de polluants. Si certains fluides (huile ou carburant) ne peuvent être remplacés aisément, le liquide antigel que nous disposons dans les échangeurs au moment de l'hivernage est habituellement constitué de glycol. À la remise en route du moteur, ce glycol est purgé du circuit et rejeté dans l'eau de mer de nos ports.
La toxicité du glycol n'est pas parfaitement connue, mais il est incontestable que, n'étant pas présent à l'état naturel dans l'eau de mer, cet apport n'est pas neutre, que ce soit sur la population aquatique ou sur les autres usagers des plans d'eau.
Si, dans l'idéal, l'absence de rejets demeure la meilleure solution pour ne pas polluer, le coût modique du glycol et sa perte d'efficacité rapide à la dilution font que peu de plaisanciers cherchent à récupérer cet antigel lors de la remise en eau du moteur.
Nous avons contacté Philippe Chevalier, mécanicien au sein du chantier naval Chevalier Plaisance à La Ville-es-Nonnais, près de Saint-Malo. Il utilise depuis plusieurs années le Probeol LR MPG et nous parle de cet additif plus respectueux de l'environnement.
"C'est un chauffagiste qui m'a fait découvrir le Probeol. Il est utilisé comme fluide caloporteur pour maintenir hors gel les parois des pulvérisateurs agricoles. Dans un environnement, donc, où tout déversement de produit chimique polluant ou dangereux pour l'environnement doit être évité" explique-t-il.
En effet, le Probeol semble, sur le papier, disposer de qualités environnementales remarquables. "C'est un produit fabriqué par Igol. Dans le principe, il peut être utilisé comme liquide de refroidissement au sein de la motorisation. Nous l'avons mis en place non pas en tant que tel directement, mais uniquement dans les circuits échangeurs eau de mer/fluide de refroidissement au moment de l'hivernage. Le principe est identique à ce qui se fait avec du glycol, on remplit le circuit avec du Probeol et, lorsqu'il est rempli, le circuit est fermé pour passer l'hiver".
Lubrifiant et anti-sel
Décidément, le Probeol semble ne présenter que des qualités. En plus de sa capacité antigel (il demeure liquide à basse température), il est biodégradable à plus de 80 % sans dilution. Lubrifiant, il évite par ailleurs l'oxydation des circuits d'échange. Enfin, créé à base d'esters synthétiques, il participe à la préservation de l'environnement en diminuant l'exploitation d'hydrocarbures fossiles.
Philippe précise "Le Probeol coûte environ 5 fois plus cher que le glycol. C'est une incitation pour les plaisanciers à le récupérer et à le réutiliser pour la saison suivante. Il est parfaitement stable d'une saison sur l'autre, la seule contrainte étant de le stocker à l'abri de la lumière" précise le mécanicien nautique.
Résistance aux très basses températures
"Sur le plan protection contre le gel, le probeol est donné jusqu'à -35 °C sans dilution. Il passe à -20 °C dilué à 40 % (40 % eau déminéralisée - 60 % de probeol). C'est amplement satisfaisant pour nos régions et, surtout, cela diminue d'autant les atteintes à l'environnement. Autrement dit, même si elles doivent nécessairement être évitées, on peut réduire l'impact des fuites de liquide antigel dans l'environnement sans perdre en efficacité" nous explique l'expert.
Seule solution antigel utilisée par le chantier
"Nous avons décidé de ne plus laisser le choix à nos clients" expose Philippe "lors de tous les hivernages qui nous sont confiés, nous remplaçons l'antigel par du probeol, dans la partie eau de mer du circuit. Et nous précisons au client la manière de récupérer le produit à la remise en eau, pour qu'il n'ait pas besoin de l'acheter de nouveau l'hiver suivant" continue-t-il.
Utilisable aussi sur les moteurs hors-bord
Bien que le système de refroidissement des moteurs hors-bord ne soit pas identique, il faut penser à le mettre en état hors gel l'hiver. "Le plus souvent, l'antigel des hors bord est le même que pour les voitures, encore plus polluant que celui des moteurs inboard. Le Probeol est encore plus simple à manipuler alors, il suffit de rincer le circuit avec du Probeol et des oreilles de rinçage. Ou d'en remplir un bac de rinçage, en recyclant le produit. Ici encore, à la remise en eau, il faudra penser à prélever les premiers litres de liquide, pour ne rien rejeter à la mer".
Hivernage des circuits de chauffage
Peu polluant, le Probeol peut être utilisé à d'autres desseins que le maintien hors-gel de la motorisation. C'est ce que termine de nous expliquer Philippe "On peut l'utiliser dans les ballons d'eau chaude des bateaux, c'est bien moins nocif pour la peau que le glycol, même s'il en reste un petit peu dans le circuit. Ou, encore, dans les systèmes de chauffage durant l'hiver".
Pourquoi ne pas l'utiliser comme fluide caloporteur côté moteur ?
Philippe nous explique "Les motoristes ont tous des préconisations pour les liquides de refroidissement et nous ne possédons pas encore de recul sur l'utilisation du Probeol dans les échangeurs, dans la partie motorisation. Nous envisageons de le tester auparavant sur nos motorisations avant de le proposer à nos clients, mais, dans le principe, cela pourrait fonctionner et proposer une solution plus écologique sur toute la chaîne de refroidissement des moteurs."
Solution réellement écologique ?
Il est indiscutable que la meilleure des solutions pour éviter de polluer est d'éviter les déversements de produits polluants en mer. Il en est de même pour le Probeol. Néanmoins, nous sommes allés questionner l'ONG Greenpeace quant à la véracité du danger moindre du Probeol. Malheureusement, que ce soit du côté de cette organisation comme de celle d'autres structures consultées, personne n'est en mesure de confirmer ou d'infirmer la véritable innocuité du Probeol sur l'environnement marin.
Gageons que les annonces du fabricant et que la prudence des plaisanciers sauront se rejoindre pour préserver le milieu qui nous occupe tant !
