Prendre soin de ses voiles tout au long de la saison pour une navigation optimale 

Comment entretenir ses voiles en cours de saison pour en tirer la quintessence ?

Moteur du voilier, les voiles nécessitent, pour rendre de bons et loyaux services, attention, entretien et égard. Conseils d'un pro pour bien les utiliser dans la saison et que votre voilure dure et donne le meilleur d'elle-même.

Eric Varin est maître-voilier à La Voilerie Granvillaise, à Granville dans la Manche (50). Des voiles, il en conçoit, coupe, coud et en répare des dizaines chaque année.

La voilerie Granvillaise, à Granville (Manche)
La voilerie Granvillaise, à Granville (Manche)

Il le dit d'ailleurs "Une voile, cela s'entretient, se respecte et s'inspecte". Il est étonnant de constater que nombre de plaisanciers ne prennent même pas le temps de dégreer leurs bateaux lorsqu'ils ne naviguent pas l'hiver.

Début de saison

La première chose à faire en début de saison - vers début mars - est d'aller déposer son jeu de voiles chez le voilier. "Le principe est de faire vérifier le gréement dans son ensemble", explique-t-il. Au programme de ce contrôle "Vérification des frottements suspects, du ragage, des accrocs. De tous les petits défauts totalement anodins lorsqu'ils sont pris dès leur naissance mais qui peuvent devenir de vraies catastrophes si on attend. Le plus souvent, cela prend une demi-heure et il n'y a aucun souci. C'est aussi utile pour nous, car cela nous permet de suivre, dans le temps, le vieillissement des tissus, des coutures et de toujours améliorer nos méthodes."

Faire inspectersa voile en début de saison est une précaution peu couteuse mais bien utile !
Faire inspecter sa voile en début de saison est une précaution peu couteuse mais bien utile !

Après chaque navigation

"Au retour de chaque navigation, notamment si on est resté longtemps avec une voile à demi enroulée à cause d'une petite brise, dérouler entièrement la voile concernée et la rouler de nouveau. Elle aura subi énormément de tension durant la navigation et l'enroulement réalisé sera inégalement réparti. Une partie restera très contrainte (celle restée à poste durant la navigation) pendant que l'autre aura pu s'agiter dans le vent. Le risque est de créer une zone de faiblesse entre les deux portions de voile si cela vient à se répéter trop souvent."

Opération qui peut attendre de venir nettoyer le bateau le lendemain matin sans problème quand il n'y aura plus de brise !

En plus de répartir équitablement la tension sur la voile, cette opération assèche autant que possible l'intégralité du tissu.

Attention aux rivières maritimes

Celles et ceux qui naviguent sur des rivières ou dont les ports sont bordés d'arbres doivent se méfier des végétaux. "Pollen, algues, feuilles et autres aiguilles de sapin sont mortels pour les tissus. Dès qu'un rhizome commence à s'installer dans la voile, elle est affaiblie très rapidement" explique le spécialiste. Deux solutions : un coup de balai régulier sur la voile ou mieux, lorsque c'est possible "mouiller loin des arbres et des algues."

Toutes les rivières maritimes sont pièges en cela, depuis la Rance en Bretagne Nord jusqu'à Arzal en passant par la Charente ou les calanques. "Il faut être attentif à ce dépôt qui se forme insidieusement sur les tissus" insiste-t-il.

En rivière, il convient de surveiller le dépôt sur les voiles
En rivière, il convient de surveiller le dépôt sur les voiles

Deux ennemis absolus des voiles, soleil et faseyement

Les voiles ont deux ennemis absolus. On ne peut d'évidence rien contre la lumière solaire (qu'elle soit directe ou indirecte par réflexion lunaire), on peut néanmoins penser à rouler ses voiles dès que possible, pour les protéger un peu et renouveler régulièrement la bande anti-UV des voiles d'avant. "Un dacron de bonne qualité ne survit pas plus de deux années au soleil" explique Éric "Chaque voile dispose d'un potentiel d'heures de soleil. Plus un tissu est lourd, plus il sera résistant au soleil."

Le calcul est simple. Si un fil de chaîne fait 1 millimètre de diamètre et qu'il cuit en une année, une voile d'une épaisseur de ce fil sera morte passée une année. Une voile qui en fait 10 durera - théoriquement - dix ans. Pour un prix qui n'est pas au décuple !

Il faut le rappeler, la quantité d'ultraviolets - ce sont eux qui cuisent le tissu - n'est jamais nulle aussi longtemps que le bateau est en extérieur, que cela soit de jour (lumière directe) ou de nuit (lumière réfléchie par l'astre lunaire).

Le faseyement (nom du claquement des voiles au vent) provoque un décollement lent mais régulier de l'apprêt qui recouvre les voiles, à chaque claquement de la voile. Claquement après claquement, le tissu enduit de la voile va se retrouver mis à nu, exposé à un peu plus de tension, de sel, d'humidité et de vieillissement. "Une voile qui bat ne sert à rien. Soit on la roule, soit on la borde, on ne la maintient pas entre les deux" explique Eric.

Le risque du faseyement ne se limite pas à engendrer des points de faiblesse de la voile. A terme, elle va aussi se déformer, perdre de sa solidité intrinsèque et donc de son efficacité.

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