Web série / Comment transformer un Power Cat en un véritable Trawler ?

Dominique Montesinos vient de troquer son catamaran à voile pour un modèle à moteur. Il raconte cette mutation dans un livre "La belle et le bouchon gras". Dans ce septième épisode extrait de son livre, il nous décortique ses choix augmenter l'autonomie de son Leopard 47 PC.

Ah, j'en avais fait des projets autour de l'idée d'une "motorisation électrique"… Mais les gens "raisonnables" ont eu raison de mon enthousiasme. J'ai fini par me ranger du coté des "classiques", des sérieux, des "qui assurent". À présent, je dévore avec avidité, et une pointe de jalousie, toutes les infos concernant le passionnant projet "Energy Observer".

À la recherche de l'autonomie

Notre Lady a été dotée, dès sa construction, de deux moteurs diesel de marque Cummins développant 150 chevaux chacun. Ceux-ci doivent, en principe, lui conférer une vitesse maximum de 17 nœuds, assortie d'une autonomie modeste de seulement quelques centaines de milles… Rien à voir avec nos aspirations.

Pour traverser un océan, il me semble raisonnable de pouvoir tabler sur une autonomie de 3000, voire 3500 milles. Même à supposer d'adopter une vitesse très en deçà des capacités théoriques des machines, il n'est pas possible d'obtenir une autonomie suffisante avec des moteurs si puissants. Sachant qu'on ne peut absolument pas faire toute la traversée avec les moteurs tournant "au ralenti" sous peine de les endommager (6,5 nœuds, le ralenti…quand même !). À bas régime, la carburation est incomplète et les particules imbrulées s'accumulent dans le circuit d'échappement jusqu'à l'obstruer.

On conserve les diesels d'origine

Fort heureusement, en agissant sur les différents paramètres concernés, beaucoup de choses deviennent possibles qui vont nous permettre de conserver ces merveilleux moteurs Cummins bâtis pour durer plus de 30 000 heures (j'ai des exemples). Selon toute vraisemblance, et sauf accident majeur ou grande malchance, ils devraient logiquement me survivre, ce qui me réjouit fort.

La consommation est liée à la longueur et au poids

Mais avant de commencer à chambouler la mécanique, deux considérations d'ordre général : La consommation en carburant d'un bateau à moteurs est inversement proportionnelle à sa longueur de flottaison et directement proportionnelle à son poids.

À la recherche des kilos en trop

Pour consommer moins commençons par une bonne cure d'amaigrissement. Ce n'est pas ce qui est le plus coûteux à réaliser et l'efficacité en est réelle et immédiate.

Tout ce qui n'a pas son utilité à bord doit dégager… La limite étant constituée par l'assentiment ou la réprobation de la copropriétaire. Pour la Lady, ce furent plus de 2 tonnes de "babioles" diverses qui se virent ainsi congédiées.

Quelques exemples significatifs :

Les lieux d'aisance : Pas moins de 5 cuvettes de WC, dont quatre électriques. Quand on vit à deux, ça fait tout de même un peu beaucoup de "spare parts". Limite, il aurait fallu établir un planning d'utilisation des différents "vases" afin d'être certain qu'ils soient tous utilisés à épisode régulier, faute de quoi, c'est la panne assurée pour celui qui n'a pas reçu suffisamment de visites. Un comble ! La constipation élevée au rang de fléau majeur du bord ! Obligés d'inviter des incontinents pour compenser ! La classe. Bref, après concertation, nous en avons viré deux (je penchais pour trois, par pur égoïsme, parce que c'est moi qui dépanne…).

Le bazar du premier étage : L'espace y était fort agréablement aménagé, et nombreux sont les vendeurs de salons nautiques qui emportent des ventes grâce à cet appendice incongru, et, surtout, à ses équipements de farniente. Le problème, c'est que cette plaisanterie pesait pas loin d'une tonne ! Une tonne dont le centre de gravité était situé à plus de quatre mètres de haut. Bref, tout ce fourbi représentait presque la moitié du surpoids, et une bonne proportion du fardage.

Autre chose : n'étant pas équipée d'un dessalinisateur , la belle recelait en son sein quatre réservoirs lui permettant de transporter 1,2 tonne de flotte ! (Oui, je sais, un sein d'une tonne deux ! bonjour la poésie). Grâce à la pose d'un osmoseur capable de fournir soixante litres par heure, la capacité de stockage a été ramenée à 400 litres.

La liste est longue des éléments débarqués, que Malou a tout vendu à petits prix.

Allonger la longueur de flottaison

Pour ce qui est de la longueur de flottaison, nous avons ajouté 60 centimètres à l'arrière des coques, sous forme de deux jolies jupes qui, de surcroit, font d'accueillants quais d'accostage pour le dinghy.

La jupe de Lady B
La jupe de Lady B

Dans l'épisode suivant, l'auteur nous explique comment il a adapté les hélices et les safrans, aller lentement pour consommer moins.

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