Les toilettes sèches en bateau, une alternative aux eaux noires

Comment ne pas se préoccuper de la qualité de nos eaux ? © Olivier Chauvin

Nous souhaitons tous préserver la qualité des eaux et du milieu aquatique, or il faut bien admettre que la récupération des eaux noires n'est pas aussi généralisée qu'elle le devrait... L'emploi de toilettes sèches est une solution simple et peu coûteuse pour accorder nos principes et nos pratiques !

Il est révolu le temps où l'on considérait comme normal de déverser ses effluents, en jetant un voile pudique sur ce qui se passe après le passe-coque… Nous avons pris conscience de notre impact sur l'environnement aquatique. Les cuves à eaux noires se sont généralisées sur les bateaux récents, or elles sont chères, difficiles à implanter sur un bateau ancien et finalement peu confortables à utiliser. La solution des toilettes sèches présente une alternative viable, pourvu que l'on dépasse les quelques préjugés qui y sont attachés.

Un grand volume d'eau souillé pour bien peu de choses

Les réticences sont principalement intellectuelles. Dans notre imaginaire, sanitaire rime avec eau courante, éventuellement teintée de bleu. Or la quantité d'eau propre employée pour la simple chasse des toilettes est énorme. Cette masse d'eau souillée doit être retraitée avant d'être rejetée dans le milieu naturel. Pire, il faut la transporter et l'on peine à imaginer brûler de l'énergie pour déplacer un si grand volume d'eau sale. La mise à l'air libre de la cuve a également ses inconvénients : à chaque utilisation et malgré les filtres à charbon, les abords du bateau se chargent d'effluves qui laissent peu de doute sur le contenu du réservoir. Enfin il faut vidanger à intervalles réguliers et il est peu plaisant de rythmer ses escales sur le seul critère de la disponibilité des équipements de pompage.

Les stations de pompage sont trop rares !
Les stations de pompage sont trop rares !

Une alternative aussi simple que légère

Il est bien sûr possible d'employer un WC chimique à cassette, une station de traitement embarquée, ou les installations fixes à terre, pour autant que l'on soit amarré dans un lieu civilisé. Pas toujours évident à assumer lorsque l'on navigue à bord d'un bateau doté d'un équipement confortable... Les toilettes sèches constituent une alternative aussi simple que peu coûteuse. Leur principal atout est de se passer d'eau. Cette lapalissade n'en est pas vraiment une : cela signifie moins de volume souillé à stocker à bord, moins de poids et surtout pas de nécessité de pompage pour se débarrasser des effluents.

Pas si simple de se rendre à terre quand on dispose d'un équipement confortable
Pas si simple de se rendre à terre quand on dispose d'un équipement confortable

Une solution adaptable à presque tous les bateaux

Comment cela fonctionne-t-il dans les faits ? Le système le plus basique est un simple seau doté d'un couvercle et qui contient une litière, sciure ou copeaux de bois. Un simple ajout de litière après chaque utilisation absorbe l'humidité et contient les odeurs. Il reste ensuite à vider le seau dans un composteur, ou à défaut, dans une poubelle adaptée. Pour plus de facilité, il est possible de revêtir le seau d'un sac. La litière sèche est tout aussi hygiénique que l'eau et elle évite les odeurs. Son seul défaut est de ne pas donner l'illusion que tout disparait d'un geste. Le principal intérêt des toilettes sèches est leur simplicité extrême et la possibilité de les installer dans tous les bateaux, y compris ceux à bord desquels on ne pourrait pas implanter de cuve à eaux noires.

Un simple seau à couvercle peut faire l'affaire (Photo Ludospace)
Un simple seau à couvercle peut faire l'affaire (Photo Ludospace)

Finalement très peu de contraintes

Il existe des installations plus évoluées et confortables que le simple seau. Elles sont dotées d'un abattant, d'un couvercle et d'un bac à sciure intégré. On trouve aussi désormais des systèmes dotés de séparateurs qui permettent de drainer les liquides vers un récipient et les matières sèches vers un autre. Ces différents modèles existent dans le commerce, mais leur simplicité technique est telle qu'il est facile de les construire soi-même. À l'usage, on s'aperçoit vite que les nuisances et les contraintes sont minimes : pas d'odeur, pas de stockage pesant, pas de station de pompage à rechercher, pas de bouchage et une bonne maitrise de la capacité du système...

D'autres intègrent le réceptacle et le bac à copeaux (Photo Mes toilettes sèches)
D'autres intègrent le réceptacle et le bac à copeaux (Photo Mes toilettes sèches)

WC marins et toilettes sèches peuvent voisiner

Les toilettes sèches représentent une alternative tout à fait viable aux WC à eau, surtout dans les régions sous-équipées en station de pompage. C'est en tout cas, une option à envisager pour convertir un bateau ancien à plus de rigueur écologique. Elle est bien moins complexe que l'implantation de cuves à eaux noires dans un bateau qui n'est pas prévu pour cela. Il est de plus parfaitement possible de faire voisiner les 2 systèmes. C'est le choix retenu à bord d'un certain nombre de bateaux mixtes mer et rivière. Au large ils utilisent les WC marins, près des côtes ou en fluvial les toilettes sèches.

La conversion est simple et peu encombrante (WC marin d'une Antarès 800)
La conversion est simple et peu encombrante (WC marin d'une Antarès 800)
Le même cabinet de toilette converti de manière réversible
Le même cabinet de toilette converti de manière réversible

Nous avons tous à coeur de préserver la qualité de nos eaux et de tout faire pour éviter qu'elles ne se transforment en cloaque. Le pompage des eaux noires n'a pas su convaincre ni se généraliser, au point que seule une petite fraction de la flotte de plaisance l'utilise réellement. Installer des toilettes sèches est une solution simple et peu coûteuse de se rendre autonome en la matière. Cela permet de satisfaire à la réglementation, sans pour autant accumuler un énorme volume d'eau sale dont on aurait peine à se débarrasser. Chiche qu'on essaie de faire plus propre ?

Nous avons pris conscience de notre impact sur l'environnement aquatique
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Ivan Abgrall
Ivan Abgrall
Il va être temps de se rendre à l'évidence : uriner et déféquer dans de l'eau potable, en mer comme à la maison, est une hérésie !
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