De Pen Duick IV à Manureva, des records au naufrage

Manureva à Saint-Malo

Après quelques désillusions sur les capacités de son trimaran - peu préparés pour participer aux grandes courses - Éric, Tabarly décide d'entreprendre une campagne aux États-Unis pour prouver les qualités marine de son trimaran. Les premiers records s'enchainent et c'est une deuxième "vie" qui attend le trimaran entre les mains d'Alain Colas.

Pour prouver les qualités de son trimaran – qui possède désormais un gréement classique – et le vendre aux États-Unis, Tabarly entame une traversée de l'Atlantique (La Trinité – Martinique) quatre mois plus tard en équipage avec Alain Colas et Olivier de Kersauson. Obligé de s'abriter aux Canaries pour éviter des rafales à 70 nœuds, il pulvérise néanmoins tous les records avec une transatlantique de 10 jours et 11 heures, navigant à la vitesse moyenne de 11 nœuds sur cette route de 2640 milles.

Pen Duick IV participe ensuite de manière parallèle à la course Los Angeles – Honolulu, les trimarans n'y étant pas acceptés. Encore une fois, il marque les esprits en battant le record de plus de 24 heures, dépassant de plus de 20 heures le grand monocoque Windward Passag, l'un des bateaux les plus rapides de son époque. Un record qui ne manque pas d'intéresser le propriétaire de Windward Passag, qui finalement renoncera à l'achat du trimaran en raison de la rusticité des aménagements. Après le Panama et la Californie, Pen Duick IV continue donc sa croisière dans le Pacifique.

C'est lors de son retour vers la France – une escale à Nouméa à l'automne 1969 – que Tabarly vend Pen Duick IV à Alain Colas, un de ses équipiers. Le skipper visionnaire doit se séparer de l'un de ces bateaux pour solder des dettes imprévues et préfère au trimaran Pen Duick III, capable de participer à des courses classiques.

Après quelques navigations en Polynésie et un Sydney/Hobart hors course (les multicoques n'étant pas admis) il revient en métropole en 76 jours (Tahiti – La Réunion – La Réunion – LA Trinité). De retour en France, Alain Colas participe à la 4e édition de La Transat (1972) qu'il remporte magistralement en 20 jours et 13 heures, pulvérisant au passage tous les chronos. Il tentera le retour en mode record de l'Atlantique, mais échoue avec un temps de course de 17 jours et 8 heures.

En 1973, il décide de faire un tour du monde par les 3 caps en solitaire. A cet effet, il révise Pen Duick IV au sein de son chantier d'origine. Il renforce la flottabilité avant des 3 coques, ajoute des redans sous les flotteurs pour diminuer l'enfournement, remplace les mâts par des nouveaux et agrandie la surface de voile. Le bateau est rebaptisé Manureva. Il part pour sa circumnavigation en même temps que les concurrents de la Whitbread et boucle son tour du monde en héros, le 8 septembre 1973, après 10 000 milles parcourus en 169 jours !

Alain Colas et Eric Tabarly

Délaissant le trimaran pour la 5e édition de La Transat en 1976 pour le monocoque géant Club Méditerranée (72 m), il s'incline devant Éric Tabarly, à la barre de Pen Duick VI.

Pour l'édition suivante – 1978 –, les Anglais limitent la taille des bateaux à 60 pieds (18,28 m), mais une nouvelle course fait son apparition en France, la Route du Rhum, lancée par Michel Etevenon. Un nouveau défi pour Alain Colas qui prendra le départ à bord de Manureva. Une course sur laquelle disparaitront le skipper et son bateau au large des Açores le 16 novembre 1978… De nombreuses pistes ont été évoquées : voie d'eau, désintégration d'un bras de liaison ou encore abordage, mais les raisons de ce naufrage resteront irrésolues.

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