Point hebdo #1 du Vendée Globe 2020 : Une mise en bouche sportive

© Yvan Zedda/Alea #VG2020

Tous les vendredis, retrouvez le point hebdomadaire du Vendée Globe. Cette semaine, deux dépressions, des avaries et des marins fatigués par cette mise en bouche sportive.

Dimanche 8 novembre : Top départ !

La 9e édition du Vendée Globe a été donnée ce dimanche 8 novembre à 14 h 20 avec plus d'une heure de retard ; la brume ayant décidé de recouvrir la ligne de départ de la course. Les 33 skippers étaient impatients d'en découdre – Louis Burton (Bureau Vallée 2) particulièrement, a coupé la ligne en avance et écope d'une pénalité. Ils ont rejoint la bouée de dégagement par un vent de sud-sud-est d'environ 15 nœuds.

Un départ plutôt "mou" donc, puisque le vent prenant de l'est obligeait les bateaux à naviguer vent arrière. Après 40 minutes de navigation, Nicolas Troussel (Corum l'Epargne) passait la bouée en premier, suivi de Jérémie Beyou (Charal) et Samantha Davies (Initiatives-Cœur).

Fabrice Amédéo (Newrest – Art & Fenêtres) décidait de faire demi-tour dans la soirée, à cause d'un problème de hook (pièce d'accroche) de voile d'avant qui l'empêchait d'affaler son gennaker. Il gagnait Les Sables-d'Olonne dans la nuit, avant de rejoindre Port Olonna au petit matin, ne pouvant réparer au mouillage.

Retour aux pontons pour Fabrice Amédéo
Retour aux pontons pour Fabrice Amédéo

Lundi 9 novembre : une première nuit qui a laissé des traces

Après une longue glissade avec des pointes à plus de 27 nœuds, l'heure est venue de réduire les voiles. Le vent a tourné au sud, puis au sud-ouest. Les foilers ont dû faire route vers le nord-ouest, tandis que les IMOCA à dérives ont pu conserver un meilleur angle pour faire route directe. Au classement de 5 h, Maxime Sorel (V and B - Mayenne) était premier au classement.

Cette première dépression rencontrée pendant la nuit laissait nos skippers groggy et quelques traces sur les bateaux. Thomas Ruyant (LinkedOut) rencontrait lui aussi des problèmes de hook, tout comme Alex Thomson (Hugo Boss) ou encore Arnaud Boissières (La Mîe Caline – Artipôle). Maxime Sorel et Jérémie Beyou attrapaient pour leur part des filets de pêche dans leurs appendices.

Les skippers ont dû faire face à un choix cornélien pour la soirée de mardi : rester au large au risque de prendre de plein fouet le front avec des rafales à 40 nœuds et des creux de 5 m ou longer la côte, mais risquer de tomber dans une zone de molle.

En fin de journée, les IMOCA à dérives qui ont choisi une route Sud ont le lead, avec un trio composé de Damien Seguin (Groupe APICIL) qui mène le bal, devant Maxime Sorel (V and B – Mayenne) et Jean Le Cam (Yes We Cam !).

L'IMOCA PRB
L'IMOCA PRB

Mardi 10 novembre : On se prépare à une nuit de folie

À l'approche du Cap Finisterre, les écarts se sont réduits. Les "non foilers" ont vu revenir les foilers, qui avaient pris une route ouest. Si le vent était faible, la nuit aura tout de même été fatigante, les marins obligés de slalomer entre les cargos et de surveiller les bascules incessantes de vent.

Jérémie Beyou (Charal) en tête vers 4 heures du matin était suivi par Nicolas Troussel (Corum L'Epargne) et gagnait vers le Sud, la flotte dans leur sillage.

Tous se préparent au passage de front qui les attend cette nuit et la flotte est toujours scindée en deux groupes. Ceux qui sont à l'ouest et foncent vers la dépression pour aller chercher du vent fort et ceux qui longent les côtes espagnoles, préférant se protéger des éléments, et emmenées par Benjamin Dutreux (OMIA -Water Family).

Dans le groupe qui part au front, on retrouve Armel Tripon (L'Occitane en Provence), Thomas Ruyant (LinkedOut) ou encore Louis Burton (Bureau Vallée 2), Sébastien Simon, Boris Herrmann, Alex Thomson et Clarisse Cremer. Le vent devrait atteindre 35 nœuds en moyenne vers minuit avec des rafales à 45 nœuds et des creux de 4 à 5 m.

D'autres ont fait le choix de la raison comme Damien Seguin, Yannick Bestaven ou encore Nicolas Troussel qui était pourtant dans le groupe de l'ouest. Mais ces deux premiers jours de course ont été fatigants et il est important de s'amariner. Pour preuve, Jean Le Cam s'est écroulé de fatigue et s'est réveillé paniqué à 7 milles de La Corogne, obligé de virer en catastrophe.

D'autres ont choisi le compromis, à l'image de Charlie Dalin, Jérémie Beyou, Kevin Escoffier et Sam Davies, qui étaient les plus rapides dans l'après-midi. Ils étaient d'ailleurs rejoints sur cette route par Isabelle Joschke.

La bonne nouvelle du jour ? Fabrice Amédéo reprenait la course à 23 h 15 après deux jours et demi de réparation.

Benjamin Dutreux à bord de l'IMOCA OMIA - Water Family
Benjamin Dutreux à bord de l'IMOCA OMIA - Water Family

Mercredi 11 novembre : Se remettre des émotions de la nuit

Les conditions rencontrées dans la nuit de mardi à mercredi ont été fidèles aux prévisions et les skippers qui ont choisi l'option ouest ont "morflé". Armel Tripon a décidé de se dérouter vers La Corogne pour réparer la casse du hook de son J3 avant de se raviser et d'attendre des conditions plus clémentes et Sébastien Simon a eu le mal de mer pour la première fois de sa vie. Kevin Escoffier sur PRB découvrait une énorme voie d'eau à bord de son bateau qu'il finissait par maitriser. Pour Clarisse Crémer, c'est le moral qui en prenait un coup.

Tous ont été marqués par cette première nuit difficile, les corps sont épuisés, les bateaux sont marqués. Et l'un des grands favoris l'a payé. Jérémie Beyou a percuté un OFNI dans la nuit et son safran est endommagé. Il a décidé de faire demi-tour pour rejoindre Les Sables-d'Olonne. Il est attendu samedi 14 novembre en fin de matinée. Sam Davies a évoqué des rafales à 50 nœuds, l'obligeant à naviguer sous trois ris et tourmentin, une voilure réduite au maximum.

Après le passage du front, les conditions sont plus clémentes dans un flux de nord-ouest et la flotte peut se reposer, ranger, s'alimenter et réparer. Pour le groupe plus à l'ouest, il va falloir cependant jouer au jeu des empannages pour éviter de tomber dans un trou d'air.

Le nouvel objectif de tous va désormais être de composer avec deux nouvelles dépressions. Si la première n'est pas bien méchante, la 2e, surnommée Thêta promet de laisser des bobos.

Au classement, le groupe du large est revenu sur les sudistes, avec notamment une très belle progression de Charlie Dalin et Thomas Ruyant.

Des conditions démentes par Miranda Merron (Campagne de France)
Des conditions démentes par Miranda Merron (Campagne de France)

Jeudi 12 novembre : Le calme avant la tempête

Ce matin, à 6 h, Jean Le Cam menait la flotte suivie par Benjamin Dutreux (OMIA – Water Family) et Nicolas Troussel (CORUM L'Épargne). Mais le groupe de l'Ouest revient fort avec un quatuor composé de Thomas Ruyant (LinkedOut), Charlie Dalin (Apivia), Alex Thomson (HUGO BOSS) et Kevin Escoffier (PRB), leur permettant d'aligner des vitesses à 20 nœuds, contre 10 pour le reste de la flotte.

Ce 12 novembre, Louis Burton effectuait également sa pénalité de temps de 5 heures, en raison de son passage de ligne anticipé.

Alors que Jérémie Beyou faisait toujours route vers la Vendée, voyant ses rêves de victoire lui échapper, Alex Thomson prenait la tête de la flotte en début d'après-midi.

Une nouvelle dépression leur barre la route, Thêta. Il va falloir négocier son contournement par l'ouest au risque d'être sévèrement sanctionné. Cette dépression subtropicale abrite en son sein des vents de 50 à 60 nœuds et des vagues de 6 m de haut.

A bord de LinkedOut (Thomas Ruyant)
A bord de LinkedOut (Thomas Ruyant)

Vendredi 13 novembre : À la rencontre de Thêta

À 6 h du matin, les 10 premiers de la flotte se rapprochent de Thêta – Nicolas Troussel fait des pointes à 25 nœuds - et l'heure est à la diminution de la surface de voilure. À mesure que les bateaux gagnent dans le sud, le vent va se renforcer et il sans doute falloir empanner pour se décaler dans l'ouest et éviter des conditions trop difficiles. C'est d'ailleurs ce qu'à déjà fait Charlie Dalin ce matin.

Parmi les bonnes surprises, Jean Le Cam, auteur d'une trajectoire impeccable est 2e du classement derrière le leader Alex Thomson. Si les leaders s'apprêtent à se frotter à des conditions difficiles, en milieu et queue de flotte, l'ambiance n'est pas la même. Dans le Nord-Est et jusqu'à proximité des Açores, la flotte traverse une zone de vent plus faible. Cette 5e journée de mer risque donc de creuser les écarts.

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