Point hebdo #9 du Vendée Globe 2020 : La délivrance du Cap Horn !

© Yannick Bestaven / Maitre Coq / #VG2020

Voici le résumé de cette 9e semaine du Vendée Globe, marquée par le passage du mythique Cap Horn, qui a offert des conditions dantesques aux marins.

Vendredi 1er janvier : Bientôt le Horn !

En ce 54e jour de mer, Yannick Bestaven et Charlie Dalin s'échappent en tête de flotte, le Cap Horn à 430 milles de leurs étraves. En avant de la dépression secondaire, ils ont pu maintenir leur avance et progressent dans un vent de Nord-Nord-Ouest de 25 nœuds à la vitesse de 16/18 nœuds, avec une conséquente avance de 350 à 470 milles sur le reste de la flotte.

Mais les vents violents – des rafales à 60 nœuds – et la grosse mer – des creux de 6 à 9 m – attendus samedi après-midi pourraient rebattre les cartes.

 Le groupe de chasseurs est mené par Thomas Ruyant (LinkedOut) qui a réussi à récupérer sa 3e place à Damien Seguin (Groupe Apicil). Tous progressent à l'arrière de la dépression, dans un flux de Sud-Ouest qui leur permet d'accélérer. Ce petit groupe navigue toujours de manière compacte, ainsi Isabelle Joschke (MACSF) est 8e, à 3 milles derrière Jean Le Cam (Yes We Cam), 7e, Benjamin Dutreux (Omia Water Family) occupe la 5e position et Louis Burton est 11e.

Derrière le top 14, le trio Crémer/Tripon/Attanasio revient progressivement sur la tête de course. 13 bateaux progressent sur la bordure de la ZEA encore sous l'influence du long anticyclone austral.

Samedi 2 janvier : Yannick Bestaven, premier Cap Hornier

Yannick Bestaven a franchi le Cap Horn à 14 h 42 (heure française), une première pour le skipper de Maître Coq. Depuis 17 jours en tête de flotte, il aura mis 55 jours et 22 minutes de course pour passer le 3e cap mythique de la course.

À 200 milles du Cap Horn, Charlie Dalin rencontre à son tour des conditions dantesques. Il a ralenti sa machine et progresse à 15 nœuds de moyenne. Il devrait passer le Cap Dur vers 2 ou 3 heures du matin dimanche.

Derrière, Thomas Ruyant est au coude à coude avec Damien Seguin, ils ont encore au minimum 36 heures devant eux avant de passer à leur tour dans l'Atlantique Sud. Tous vont devoir gérer avec une nouvelle dépression qui devrait toucher une grande partie de la flotte dans les prochaines heures.

Dimanche 3 janvier : La délivrance !

Ce matin à 5 h 39 (heure française), c'était au tour de Charlie Dalin de franchir le Horn, 15 heures après le leader de la flotte. Après la tempête, l'heure est au calme, les conditions ayant radicalement changé. Après son passage du Horn, Yannick Bestaven confiait avoir essuyé la plus grosse tempête de sa vie, "une mer démentielle et des rafales à 60 nœuds."

Tous attendent désormais de contourner le mythique caillou pour laisser derrière eux les dures conditions qu'ils affrontent depuis un mois. Maxime Sorel, 10e a même vu son pont se couvrir de neige en quelques minutes. Ruyant et Seguin sont attendus dans le sud de l'Ile Horn aux premières heures du 4 janvier. Dutreux, Le Cam et leurs poursuivants seulement une demi-journée plus tard !

Le leader de la flotte a buté dans un long dévent qui s'étend sur 350 milles. S'il a sans doute pu faire un état des lieux de son bateau et se reposer, il a aussi perdu la moitié de son avance sur Charlie Dalin.

1000 milles derrière eux et pratiquement jusqu'aux derniers concurrents, les conditions anticycloniques qui régnaient dans le Pacifique cèdent la place au train de dépressions plus commun dans ces contrées. Il y a du vent, beaucoup de vent pour presque tout le monde.

Lundi 4 janvier : Déboires pour Isabelle Joschke

Après Bestaven, Dalin, Ruyant, Seguin et Dutreux, 6 IMOCA groupés en 150 milles s'apprêtent à en finir avec les mers du Sud. Burton, Le Cam, Herrmann, Sorel, Pedote et Joschke s'apprêtent eux aussi à savourer leur remontée de l'Atlantique.

La nuit promet d'être agitée au large de la pointe de l'Amérique du Sud. Un flux de Nord-Ouest puissant va se renforcer générant des rafales à plus de 40 nœuds et une grosse mer.

Hier, alors qu'elle naviguait en 5e position, Isabelle Joschke déplorait la casse du vérin hydraulique de la quille de son IMOCA. Désormais dans l'impossibilité de faire basculer l'appendice de son bateau pour gagner en performance, la navigatrice fait une croix sur ses ambitions sportives.

Pour le trio Attanasio/Tripon / Crémer, les conditions du Pacifique Sud sont dures à encaisser, avec 45 nœuds de vent, à 460 milles du Cap Horn.

En tête de flotte, les conditions sont beaucoup plus calmes, mais plus casse-tête. Yannick Bestaven affiche toujours une petite avance (195 milles) sur Charlie Dalin, mais un anticyclone leur barre la route dans le nord des îles Falklands ; s'étendant sur l'est, route qu'a justement choisie le duo. Thomas Ruyant lui a choisi de faire route au nord.

Mardi 5 janvier : Des conditions démentes au passage du Horn

Yannick Bestaven ralentit alors qu'il s'apprête à traverser la dorsale de l'anticyclone. Il pourrait avoir à empanner cette nuit, mais ne sera pas pour autant tiré d'affaire. Charlie Dalin, 2e à 177 milles a pris l'intérieur du virage pour tenter de couper au plus court dans les hautes pressions. S'il a bien navigué au reaching sur son foil intègre toute la matinée, il pourrait bientôt flirter avec des vents plus faibles et commencer à ralentir.

Thomas Ruyant est le seul à avoir choisi de laisser les îles Falkland à tribord et à tenter une attaque de l'anticyclone par l'Ouest. Un choix risqué. Difficile de tirer des conclusions sur toutes ces options, car l'anticyclone se déplace vers l'Est de manière un peu aléatoire et il suffit de quelques nœuds de plus ou de moins près de son centre pour changer totalement la donne.

Les 11 marins qui ont passé le Cap Horn depuis le 2 janvier ont tous décrit des scènes épouvantables. Des creux de 6 mètres, des vents de 45 nœuds, comme si le Grand Sud voulait faire payer un dernier tribut aux marins.

Maxime Sorel est parti à l'abattée, des filières ont été arrachées et deux de ses voiles sont passées par-dessus bord, qu'il a récupérées à la force des bras. Boris Herrmann handicapé par une grand-voile déchirée filmait une mer démontée. Isabelle Joschke, 11e à passer le Cap Dur ce mardi matin à 5 heures, décrivait une atmosphère de fin du monde. Même Jean Le Cam dont s'est le 7e passage du Horn est heureux d'en avoir fini !

La prochaine sur la liste est Clarisse Crémer, attendue vers 22 heures ce soir. Armel Tripon y est attendu mercredi vers 3 h du matin et Romain Attanasio en fin de journée. À l'arrière, toute la flotte est balayée par les fronts successifs qui parsèment l'océan Pacifique.

Mercredi 6 janvier : Le calme retrouvé

Dans le Sud-Est du point Nemo, un quatuor se fait malmener depuis trois jours par une "belle" dépression australe : Medallia, La Fabrique, La Mie Câline-Artisans Artipôle et Charal se coltinent 45 nœuds de vent et des creux de plus de 6 mètres. Une dépression qui occupe également leurs poursuivants Time for Oceans, One Planet One Ocean et DMG Mori - Global One qui se sont déjà fait doubler par le front et dont la position septentrionale les préserve du plus gros.

En tête de ce groupe, Pip Hare, une des révélations de ce Vendée Globe se bat pour conserver sa 15e place, malgré des aériens hors service, un problème qui l'empêche d'utiliser normalement son pilote automatique.

Les marins qui naviguent désormais dans l'Atlantique savourent le calme retrouvé. Mais la situation météo est complexe jusqu'au large du Brésil. Yannick Bestaven est le seul à avoir réussi à passer au Nord des hautes pressions et devrait de nouveau accélérer dans un nouveau flux d'Est-Sud-Est. De Charlie Dalin (2e) à Thomas Ruyant (4e), laissant de nouveau sa place à Damien Seguin, tous ont fortement ralenti.

L'anticyclone en se décalant à l'Est sera plus favorable aux poursuivants. De Burton (5e) à Herrmann (11e) dont la grand-voile est désormais réparée, une occasion se présente de pouvoir recoller à la tête de flotte.

Jeudi 7 janvier : De la souffrance dans les 50e Hurlants

Yannick Bestaven possède désormais une large avance sur son poursuivant direct, Charlie Dalin, pointant 439 milles devant Thomas Ruyant, 3e de la flotte. Mais un chapelet de bulles de hautes pressions et de petits centres dépressionnaires se déploie devant lui. La situation pourrait profiter à Apivia, LinketOut et Groupe Apicil et de tous les chasseurs. À l'Ouest, Charlie Dalin et Thomas Ruyant naviguent bord à bord, au près, sur la bordure de la dépression, ils vont devoir réduire la toile dans un vent forcissant avant de virer de bord pour retrouver des allures plus favorables.

400 milles dans l'Est du duo, Damien Seguin et ses poursuivants longent la barrière des glaces, cap à l'est et composent avec l'anticyclone. D'ici 48 h, ces deux groupes vont converger et pourraient avoir rattrapé une partie de leur retard sur Maître Coq.

Depuis le 3 janvier, les 50e Hurlants font peser une énorme dépression sur le dos des 8 solitaires emmenés par Pip Hare, avec des vents de 35/45 nœuds (rafales à 60 nœuds), des grains de grésil ou de neige, une mer grosse et croisée. Il faut donc avancer prudemment. Pip Hare a rompu la mèche de safran bâbord de son IMOCA. Si elle dispose d'un safran de rechange, les conditions ne lui permettent pas pour l'instant de procéder aux réparations.

À 1000 milles du Cap Horn, soit encore 3 jours de navigation, tous souffrent. Dès cette nuit, Miranda Merron (23e) et Clément Giraud (24e) devraient eux aussi se faire cueillir par une dépression venue du Nord.

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