Point hebdo #4 du Vendée Globe 2020 : Abandon, naufrage, avaries et sauvetage !

© Isabelle Joschke / MACSF #VG2020

Voici un récapitulatif de cette 4e semaine de course du Vendée Globe 2020 qui n'aura pas épargné la flotte.

Vendredi 27 novembre : On se prépare à la première dépression du Grand Sud

Charlie Dalin (Apivia) mène toujours la flotte de ce 9e Vendée Globe, accentuant la distance avec ses poursuivants. Il compte désormais 300 milles d'avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut) et 370 sur Jean Le Cam (Yes We Cam !). La surprise du jour, c'est le pari osé de Louis Burton (Bureau Vallée 2) qui a choisi une route très sud pour tenter de toucher rapidement le flux de la dépression qui va propulser les skippers vers le Cap de Bonne-Espérance. Il a d'ailleurs été suivi dans cette stratégie par Sam Davies (Initiatives-Cœur).

Après une bonne bouffée d'air frais, les marins s'apprêtent désormais à passer un mois dans le brouillard, à grande vitesse. Un mois qui ne va pas être évident pour les foilers, qui deviennent vite difficile à vivre quand ça va vite. La première dépression est attendue le 1er décembre avec des vents prévus à plus de 40 nœuds et de la grosse mer.

Alex Thomson (Hugo Boss) a continué de renforcer son bateau avant d'entrer dans l'océan austral, Isabelle Joschke (MACSF) a terminé les réparations sur le balcon arrière de son bateau et Thomas Ruyant a coupé son foil endommagé.

Samedi 28 novembre : Fin du game pour le Boss

Après avoir annoncé vendredi à 23 h une avarie sur le safran tribord d'Hugo Boss, Alex Thomson a pris la décision d'abandonner le Vendée Globe. Dans l'incapacité de réparer, il doit donc mettre fin à sa course. Il est le 2e skipper à abandonner après Nicolas Troussel. À 1 800 milles nautiques du Cap, il devrait rejoindre l'Afrique du Sud d'ici 7 jours, à la vitesse de 10 nœuds, en naviguant à plat pour s'appuyer sur son safran bâbord.

Au classement de 15 h, Charlie Dalin (Apivia) mène toujours la danse avec 296 milles d'avance sur Thomas Ruyant (LinkedOut) et 369 sur Jean Le Cam (Yes We Cam !). Ils sont 18 bateaux à naviguer ou prochainement, dans les mers australes.

Dimanche 29 novembre : Déjà un quart du parcours pour Charlie Dalin

Jérémie Beyou (Charal) a franchi l'Équateur, et ils sont donc désormais 32 IMOCA (Nicolas Troussel ayant abandonné) à naviguer dans l'hémisphère Sud. Avec des alizés contrariés, du vent erratique le long des côtes brésiliennes et un anticyclone de Sainte-Hélène compliqué, c'est avec un retard conséquent sur le record non officiel d'Alex Thomson en 2016, que Charlie Dalin – leader depuis une semaine – devrait passer le Cap de Bonne Espérance. Pour rappel, le skipper d'Hugo Boss avait mis 17 jours, 22 heures et 58 minutes. Ce sera environ 22 jours pour Charlie Dalin, un temps légèrement inférieur à celui d'Armel le Cléac'h en 2012.

Malgré un rythme lent, imposé par les conditions météo, le leader de ce 9e Vendée Globe a déjà parcouru un quart de la distance qui le sépare des Sables-d'Olonne. À 15 h, il lui restait 18 000 milles à parcourir.

Ces premiers 20 jours n'auront pas épargné les concurrents entre problèmes techniques et frayeurs. Entre hooks récalcitrants, fuites d'huile issues du vérin de quille (Alan Roura samedi), départs au tas (Benjamin Dutreux), délaminage de foil (à bâbord chez Thomas Ruyant), réparations structures (Charal en début de course, Alex Thomson le long de l'Amérique du Sud, Bureau Vallée un peu plus tard) et casses techniques irréparables (le safran tribord d'Alex Thomson vendredi, condamné au renoncement), le Vendée Globe n'aura pas épargné la flotte.

Lundi 30 novembre : Balise de détresse déclenchée pour Kevin Escoffier

Kevin Escoffier (PRB) é déclenché sa balise de détresse à 14 h 46 alors qu'il naviguait dans les 40e Rugissant en ce 22e jour de course. Son bateau s'est scindé en deux, laissant à peine 4 minutes à Kevin Escoffier pour enfiler sa combinaison de survie et sauter dans son radeau. Jean Le Cam (Yes We Cam !) se trouvant à environ 2 h de la zone a été dérouté par la direction de course pour porter secours au navigateur réfugié dans son radeau de survie. S'il a réussi à établir un contact visuel et radio avec Kevin Escoffier, le temps d'effectuer une manœuvre, il l'a perdu de vue.

Pour renforcer les recherches, la direction de course a envoyé trois autres skippers sur zone : Boris Herrmann (SeaExplorer – Yacht Club de Monaco), Yannick Bestaven (Maître-CoQ), puis Sébastien Simon (ARKEA PAPREC).

Mardi 1e décembre : Kevin Escoffier est sauvé

Après de longues recherches, Kevin Escoffier a pu être secouru par Jean Le Cam (Yes We Cam !) dans la nuit. Ce sauvetage réalisé avec 30 nœuds de vent et des rafales à 40 nœuds sur mer forte avec des creux de 5 m n'a pas été des plus simples. Le marin est désormais en sécurité sur le bateau de son concurrent. La course a repris ses droits, le Jury International se réunira prochainement pour statuer sur les temps attribués à chacun des concurrents ayant participé au sauvetage du skipper de PRB.

Charlie Dalin situé à environ 250 milles n'a eu d'autre choix que de continuer sa route pour éviter les zones de météo complexes. Il a ainsi franchi la longitude du Cap de Bonne Espérance à 0 h 11 ce mardi, après 22 jours 9 heures 51 minutes de course, avant d'entrer dans l'Océan Indien très au large du cap des Aiguilles.

Avec plus de 200 milles de décalage, Thomas Ruyant (LinkedOut) devrait lui aussi entrer dans l'Océan Indien avant la nuit. Il est désormais menacé par Louis Burton (Bureau Vallée 2) qui a choisi une route à 200 milles au sud, en rasant la Zone d'Exclusion Antarctique (ZEA).

La cours continue également pour le reste de la flotte, puisqu'ils sont désormais 9 skippers à naviguer au coude à coude, avec seulement 100 milles d'écart. Sébastien Simon, Boris Herrmann, Jean Le Cam, Yannick Bestaven, Damien Seguin et Benjamin Dutreux sont plutôt entre le 40° Sud et le 41° 30 Sud, tandis que Giancarlo Pedote, Sam Davies et Isabelle Joschke naviguent autour du 43° Sud. S'ils ne devraient pas être impactés par le retour des hautes pressions sous le continent africain dès jeudi soir, ce n'est pas la même pour Romain Attanasio (Pure – Best Western) et Clarisse Crémer (Banque Populaire X), qui pourraient voir Stéphane Le Diraison et Alan Roura revenir dans leurs tableaux arrière…

Les 2e et 3e pelotons, poussés par une nouvelle dépression australe – sont menés par Armel Tripon (L'Occitane en Provence) et Arnaud Boissières (La Mie Câline - Artisans Artipôle), les autres dans les alizés de secteur Nord avec Clément Giraud (Compagnie du lit - Jiliti) et Alexia Barrier (TSE-4myPlanet) en ouvreurs… Et pendant ce temps, le Japonais Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) a déjà débordé deux solitaires et Jérémie Beyou (Charal) revient sur la queue de flotte.

Mercredi 2 décembre : Collision avec OFNI pour Sébastien Simon

Les 15 premiers bateaux de la flotte naviguent désormais au portant aux abords du Cap de Bonne Espérance. Ils jonglent entre surf et gestion des dépressions australes, enchainant les empannages. Après Thomas Ruyant (LinkedOut), un autre foiler a été victime d'un OFNI. Il s'agit de Sébastien Simon (Arka-Paprec) dont le foil tribord a subi un choc alors qu'il occupait la 4e position. Il doit désormais mettre la course entre parenthèses, sachant que les réparations seront fastidieuses, le puits de foil étant également endommagé.

La stratégie choisie par Louis Burton (Bureau Vallée 2) a payé même s'il a dû vivre des heures éprouvantes (35/40 nœuds de vent, 6 m de creux). Il occupe désormais la 2e place du classement. Les conditions sont plus clémentes pour Thomas Ruyant (LinkedOut), 3e du classement.

Jeudi 3 décembre : Arrêt buffet pour deux skippers

Après Sébastien Simon, Samantha Davies (Initiaves-Cœur) a elle aussi été victime d'un violent arrêt buffet à la tombée de la nuit, mercredi, générant une avarie de quille. Tous les deux sont démunis et en situation d'attente au grand large du Cap de Bonne-Espérance. Pour tous, après 25 jours de course, le quotidien est difficile. C'est d'ailleurs le cas pour Jérémie Beyou (Charal) qui progresse doucement dans les grains et les vents faibles.

En tête, 15 bateaux surfent dans le grand sud sur cette route qui va les mener aux Kerguelen. Entre Charlie Dalin, qui entame son 10e jour en course et la 15e, Clarisse Crémer, il y a 1 000 milles. Tous espèrent profiter le plus longtemps de ces vents forts, mais favorables, tout en préservant leur bateau.

La 2e moitié de la flotte - de Stéphane Le Diraison à Pip Hare - doit contourner l'anticyclone de Sainte-Hélène qui est en train de s'étaler en largeur du milieu de l'Atlantique Sud, jusque dans l'océan Indien, et en longueur bien au-dessous des 45° sud. Attention de ne pas se retrouver bloqués au sud par la Zone d'Exclusion Antarctique (ZEA), notamment pour ceux qui n'auront pas réussi à attraper le premier train de dépression.

Kevin Escoffier pourrait être récupéré par le Nivôse - frégate de la Marine nationale chargée, entre autres, de la surveillance des pêches dans l'océan Indien. La direction de course est en contact avec Jean Le Cam pour étudier la possibilité d'un point de rencontre autour du 6 décembre dans le Nord-Est des îles Crozet.

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Olivier Meyer
Olivier Meyer
magnifique reportage et montage rendant l'émotion au maximum ! merci !
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