1993 : Patrick Poivre d'Arvor et Alain Gautier victimes d'un canular à l'arrivée du Vendée Globe

La veille de l'arrivée victorieuse du skipper Alain Gautier sur la seconde édition du Vendée Globe, le journaliste Patrick Poivre d'Arvor, présentateur du journal de 20h sur TF1, essaye d'interviewer le marin lorientais. Mais tout ne va pas se passer comme prévu…

Une arrivée victorieuse

Nous sommes en mars 1993. Alain Gautier caracole en tête de la course sur le Vendée Globe, et possède plusieurs jours d'avance sur son poursuivant direct, Jean-Luc Van Den Heede. Cette édition a été marquée par la disparition de deux marins, Nigel Burgess et Mike Plant. Sur les quinze concurrents au départ, seuls sept franchiront la ligne d'arrivée.

Alain Gautier, à la barre du plan Finot-Conq Bagages Superior, occupe la tête de course depuis plusieurs semaines. Le 11 mars 1993, il ne lui reste plus que 24 h de mer avant de rejoindre en vainqueur le port des Sables-d'Olonne.

A l'époque, les communications par satellite en sont à leur débuts, et ne sont pas d'une fiabilité notoire. Patrick Poivre d'Arvor, présentateur vedette du 20 h de TF1, est un féru de navigation et de courses au large. Il souhaite absolument être le premier à recueillir les impressions du futur vainqueur.

Une vacation en direct

Au cours d'une vacation radio entre Alain Gautier et l'organisateur Philippe Jeantot, les deux hommes ont convenu d'un horaire précis pour l'interview, qui doit avoir lieu en direct. Pour cet échange, le marin doit appeler un numéro en régie pour être mis en relation avec le plateau.

Cette vacation radio a eu lieu sur les grandes ondes, si bien que n'importe qui pouvait écouter la conversation, et prendre connaissance du numéro à appeler.

A l'heure prévue, un inconnu, qui avait capté la conversation radio, a appelé la régie et s'est fait passer pour Alain Gautier. Voici l'échange surréaliste entre le présentateur et l'imposteur :

PPDA : Alors, pas trop déçu de ne pas pouvoir battre le record de Titouan ?

Mr X : Euh, c'est secondaire. Tant que je n'ai pas franchi la ligne d'arrivée je ne peux rien dire, mais c'est l'aboutissement de plusieurs mois, plusieurs années de travail... Je suis heureux, quoi.

PPDA : Est-ce qu'en ce moment vous vivez cette peur, cette crainte de retrouver l'entourage, de retrouver votre petite Minon, de retrouver votre femme, mais surtout de retrouver ce monde qui vous attend aux Sables d'Olonne ?  

Mr X : Je me délecte des derniers moments de solitude. Là, il va y avoir tout un tas de crétins de journalistes qui vont me tomber sur la gueule. Ça ne m'amuse pas tellement.

En professionnel de l'exercice, le présentateur ne se démonte pas et enchaîne.

PPDA : Heureusement que je vous interviewe avant les autres.

Mr X : Vous croyez quoi ? Vous ne valez pas un clou non plus. Moi j'ai fait un tour du monde, c'est quand même mieux que les voyages que Botton vous a payé. J'ai pris la place d'Alain Gautier, je suis vraiment désolé pour lui, mais en tous cas moi je me suis bien amusé !

L'usurpateur fait référence en direct à une affaire dans laquelle le journaliste est inculpé pour avoir bénéficié des faveurs de l'homme d'affaires Michel Botton.

Les risques du direct

Fin de l'interview. La supercherie est tardivement découverte. Le directeur de l'information de TF1 et l'organisateur Philippe Jeantot ne décolèrent pas. PPDA ne peut qu'assumer, mais aurait préféré éviter la chose.

Et Alain Gautier dans tout ça ? Le marin a bien appelé à l'heure prévue, mais s'est fait traiter d'imposteur par le staff de la régie, qui était convaincue d'avoir la bonne personne sur l'autre ligne.

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