Refit électrique : remplacer l'électricité du bord par un système Digital Switching EmpirBus

Le Digital Switching est le nom savant utilisé sur les bateaux pour les nouveaux systèmes de pilotage de l'électricité. Il consiste à utiliser des boitiers électroniques qui pilotent toute l'installation électrique. Nous avons réalisé dans le cadre de la rénovation d'une vedette de 9,50 m, une installation de ce type avec le matériel EmpirBus.

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A l'achat de notre Amerglass de 1973, nous avions rapidement diagnostiqué qu'il faudrait remplacer intégralement le circuit électrique. Nous avons profité de ce refit, pour tester une installation en Digital Switching.

Tous les fils reviennent sur des boitiers

Branchement des fils sur les prises du Connect50
Branchement des fils sur les prises du Connect50

EmpirBus est une marque qui appartient à Garmin (depuis 2018). Ce système s'appuie sur des boitiers Connect50 qui remplacent le tableau électrique d'une installation traditionnelle. En effet, sur ce Connect50 viennent se connecter tous les fils positifs du bord. Par exemple, pour un éclairage, on vient connecter le fil Plus sur une sortie du Connect50. Le fils Moins rejoint tous les autres négatifs du bord.

Un boitier Connect50 possède 32 canaux (20 sorties et 12 entrées). Les sorties vont vers les consommateurs (une lampe, une pompe, un frigo…), les entrées sont des interrupteurs (interrupteurs, capteurs de pompe, compteur de chaine…). Pour chaque sortie, le disjoncteur est paramétrable (5 ou 10 A). Si un consommateur demande un plus fort ampérage (pompe des WC électriques par exemple), on tirera plusieurs fils pour l'alimenter.

Identification précise obligatoire

Les fils moins sont aussi repérés par des étiquettes
Les fils moins sont aussi repérés par des étiquettes

Pour connecter les fils sur les bons borniers, il convient de bien les identifier. Pour cela, nous avons utilisé des étiquettes à chaque fois que l'on câblait une nouvelle fonction. Ce repérage est primordial, car on se retrouve rapidement face à un amas de fils.

Le Connect50 d'EmpirBus peut aussi piloter des interrupteurs sans fils qui répondent à la norme EnOcean. C'est très pratique, car il est possible de disposer ces interrupteurs facilement dans le bateau, uniquement plaqués sur une cloison (vissés ou même collés avec un adhésif double face). En programmant 2 interrupteurs sur la même fonction, vous pouvez même réaliser un va-et-vient sans difficulté. Point de détail intéressant, ces interrupteurs ne nécessitent pas de pile pour fonctionner. Ils "fabriquent" leur propre énergie quand l'utilisateur appuie dessus…

400 m de fils électriques…

Un amas de fils à dompter
Un amas de fils à dompter

Sur cette vedette de seulement 9,50 m sur laquelle nous avons refait entièrement toute l'électricité, nous avons tiré pas moins de 400 m de câble ! Certes, chaque consommateur a 2 fils, mais le métré grimpe vite… Et pourtant l'installation n'est pas complexe et se limite à quelques éclairages, un frigo, un groupe d'eau, des WC électriques et quelques prises 12V. Auxquels s'ajoutent les feux de route et de mouillage, les pompes de cales ainsi que les essuie-glaces et les commandes guindeau. Bref, rien de grandiose ni d'exceptionnel, et pourtant 400 m de fils tirés !

Programmation et interface graphique

Exemple de programmation logique
Exemple de programmation logique

Une fois tous les fils connectés, il faut programmer les fonctions. Il s'agit d'une programmation graphique, pour laquelle on code chaque événement. C'est la force du système puisque vous allez pouvoir choisir les différents événements et imaginer des scénarios pour y répondre.

Par exemple, nous avons programmé un interrupteur qui met le bateau en veille (quand vous débarquez par exemple pour une visite à terre). Dans ce cas, les pompes de cale sont toujours actives, le frigo reste en marche, mais toutes les lumières sont coupées. Sauf l'éclairage du cockpit qui s'allume pendant 20 secondes, le temps de tourner la clé dans la serrure et de quitter le bord. Avec ce type d'équipement, il n'y a pas de limite dans la programmation, sauf votre imagination ! Pour autant, l'expérience montre qu'il ne faut pas réaliser des installations trop complexes. Il est préférable que l'utilisateur sache toujours ce qui se passe quand il va agir sur tel ou tel bouton.

Une fois la partie programmation réalisée, on vient la télécharger dans le Connect50. La manip est simple et peut se répéter plusieurs fois, jusqu'aux dernières modifications intervenues après que les tests soient réalisés.

La partie graphique intègre des photos du bateau
La partie graphique intègre des photos du bateau

Il faut ensuite construire la partie graphique. Ce sont les écrans que l'on crée pour piloter le système. Ceux-ci s'affichent sur l'afficheur MFD (Muti Fonction Display). En l'occurrence, un écran Gamin GPSMap 923 dans notre cas. Mais le Connect50 étant connecté au réseau NMEA 2000, on peut tout à fait afficher les données sur un écran d'une marque concurrente. Il est aussi possible de les afficher sur son mobile relié en Wifi. Cette interface graphique peut intégrer des visuels qui pourront s'animer en fonction des utilisations. Sur une vue du bateau, on allumera les feux de route quand ils sont sur ON par exemple.

Une solution adaptée pour les chantiers

Le tableau de bord "virtuel"
Le tableau de bord "virtuel"

Autant le préciser, sans l'aide de Garmin, nous n'aurions pas été en mesure de programmer facilement notre installation. Une configuration comme la nôtre avec 2 Connect50 ne peut pas se réaliser rapidement par un quidam. Pour répondre à ces attentes, EmpirBus a développé une version "light" de son Connect50, le Boat Swich. Il s'agit d'un module déjà programmé où l'on vient relier des consommateurs déjà définis (lumière, pompe, feux…). Pas question de programmation ou de graphisme dans ce cas. En revanche, dans le cas d'un chantier qui produit en série et pour lequel on développe une programmation dédiée, ce système est un gain de temps et de matériel pour l'installation.

Identique à un tableau électrique classique

Le Connect50 se pilote aussi à la main
Le Connect50 se pilote aussi à la main

Comme un tableau électrique, le Connect50 remplace les disjoncteurs. Si par malheur, l'écran qui pilote le système refuse de s'allumer, il est toujours possible d'intervenir directement sur le boitier pour activer manuellement un ou l'autre des canaux. Chaque canal est numéroté et une LED verte indique s'il est sur ON ou non. Avec un tableau qui fait le lien entre le numéro et la fonction, il est possible de faire fonctionner son bateau "à l'ancienne" en activant ou non les disjoncteurs.

Pour autant, entièrement étanches (même les prises), les Connect50 seront beaucoup plus protégés. C'est pourquoi ils sont particulièrement adaptés aux petits bateaux, sur lesquels la console est souvent humide (coque open, semi-rigide…).

Une expérience réussie

Un gros travail, mais la satisfaction d'une expérience réussie
Un gros travail, mais la satisfaction d'une expérience réussie

Notre expérience dans le cadre du refit de cette vedette de près de 50 ans montre la faisabilité de ce genre d'installation. Reste que la partie programmation logique n'est pas à la portée de tous et que le choix de ce type de système ne pourra se faire qu'en faisant appel à un professionnel éclairé.

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Amerglass 32 AK La fiche technique
9.60 mLongueur hors-tout
3.20 mLargeur - Bau
2.50 mTirant d'air (hauteur maxi)
Voir la fiche technique du Amerglass 32 AK
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