Garder la toile du temps en croisière, quelles voiles et quand réduire ?

Le vent, décidément, est bien capricieux. La croisière avait pourtant bien commencé, mais soudain le vent s'est renforcé. Naviguer avec du vent peut s'avérer grisant pourvu qu'on ait la voilure du temps et que le bateau soit équilibré. Mais à partir de quand doit-on réduire ? Et quelle voile réduire d'abord ? bateaux.com vous aide à y voir plus clair.

Pour un vent donné, la gîte du bateau dépend de la surface de voile et du couple de redressement qui s'y oppose. Le couple de redressement est un élément sur lequel on peut difficilement intervenir, car il résulte principalement de la forme de coque et du lest. Par contre, la surface de voile peut être modifiée en fonction de l'évolution du vent. Sur nos croiseurs modernes, on pourra :

Quand réduire la voilure ?

Si le bateau est largement gîté et que la mer moutonne, c'est que vous êtes déjà en retard ! Avoir la toile du temps est une affaire d'anticipation. Les coureurs au large disent souvent "Peu importe d'être le premier à réduire, il faut surtout être le premier à renvoyer de la toile". En croisière aussi il ne faut pas hésiter à réduire la voilure, de toute façon si l'on se trompe, c'est que le temps est finalement assez clément pour répéter la manœuvre à l'envers.

Chaque bateau est différent, mais en général les architectes prévoient la première réduction de voilure entre 15 et 20 nds. Notons que les premiers moutons apparaissent avec un vent soufflant entre 12 et 14 nds. Disons qu'en règle générale, aux premiers moutons, il faut commencer à envisager la réduction de voilure.

Mais le mieux est d'anticiper. En prenant la météo avant le départ, on pourra se préparer à un épisode de mistral, un temps à grains ou le passage d'un front qui imposeront une réduction de voilure. Il faut aussi être attentif aux évolutions du temps au cours de la journée, comme les conditions qui peuvent créer une brise thermique. L'observation est aussi source d'anticipation. Si, à un mille du port, les voiliers naviguent tous très gîtés, adoptez une voilure réduite au moment de l'établir.
 
N'attendons pas que les conditions soient trop dures pour aller manœuvrer, c'est une spirale infernale. À trop attendre, manœuvrer devient plus dur, plus effrayant, plus long et plus dangereux. L'anticipation n'est pas seulement source de confort et de sécurité pour l'équipage, c'est aussi un soulagement pour le bateau.

Quoi réduire en premier, la voile d'avant ou la grand-voile ?

Il est particulièrement difficile de répondre à cette question tant elle dépend du bateau, de son plan de voilure, de l'équipage et bien sûr de l'état de la mer. On peut tout même tirer quelques grandes règles.

Sur les bateaux avec un gréement en tête et un génois à recouvrement, c'est en général la voile d'avant qu'il faudra réduire en premier. On peut faire un à deux tours d'enrouleur, si le bateau en est équipé, ou recourir à un solent. Dans un deuxième temps, si le vent se renforce encore, on pourra prendre un ris dans la GV.

Sur les bateaux à gréements fractionnés avec un solent et une grand-voile relativement conséquente, on arise souvent celle-ci en premier. En général, elle descend à hauteur du capelage d'étai. Dans un deuxième temps, si le vent forcit encore on pourra enrouler le solent de quelques tours ou hisser une trinquette.

Chaque bateau étant singulier, il convient de s'interroger sur son équilibre de barre en testant différentes configurations. D'autant plus que l'état de la mer est un des facteurs de l'équation. Au près, dans la mer formée on cherchera à garder de la puissance à l'avant pour passer les vagues alors que sur une mer plate on pourra privilégier la grand-voile pour faire du cap.

Au portant, la donne change, car la gîte n'est plus le problème principal. Dans le choix de la voile à réduire, sachez que la voile d'avant a tendance à mieux "tirer" le voilier. La poussée vélique, orientée vers le haut, n'enfonce pas l'étrave dans l'eau. Le centre de voilure, assez avancé, limite les risques de départs au lof. Cependant pour beaucoup de voiliers, il est difficile de prendre un ris au portant, seules les grands-voiles montées sur chariot à roulement à billes le permettent relativement facilement.

Réduire la voilure et démarrer le moteur

Si les conditions deviennent trop difficiles et que vous êtes à proximité de votre destination, vous serez surement tenté d'enrouler le génois et finir sous GV et moteur. Dans ces conditions, n'allez pas face au vent moteur à fond, ce n'est ni rapide ni confortable.

Positionnez le chariot au centre et bordez généreusement la GV. Barrez en fonction de l'angle du vent, de manière à garder la voile tout juste remplie et maintenir une légère gîte (10°). À vitesse identique, vous réduirez considérablement la consommation de carburant. Il est souvent beaucoup plus confortable de tirer quelques bords que de foncer face au vent.

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