Fiche métier / Voilier : de la technique, de l'exigence, de l'écoute et le sens de la relation client pour Stéphane Gresset

Dans la plaisance et le nautisme,  les professionnels possèdent et développent des compétences multiples. À travers une série de témoignages, Bateaux.com vous fait découvrir certaines professions qui pourraient - pourquoi pas ? - susciter des vocations. Aujourd'hui l'exemple de Stéphane Gresset, artisan voilier.

Installée à Brest et Roscoff, la voilerie All Purpose - Voiles Océan est spécialisée dans l'équipement des voiliers habitables côtiers et hauturiers, des croiseurs de régate et des voiliers Mini 6.50. La voilerie dispose également d'un atelier gréement. Donc du sur-mesure : Un voilier qui travaille localement et devant vous à la réalisation de vos voiles !

Quelle formation, quel diplôme pour occuper ce poste ?

L'artisan voilier devra être titulaire d'un CQP Voilier. Ce diplôme professionnel reconnu par la Fédération des Industries Nautiques est délivré par Les Ateliers de l'Enfer à Douarnenez. Autre possibilité dans la région Bretagne, le Lycée Roz Glas de Quimperlé qui propose une mention complémentaire aux lycéens titulaires d'un bac professionnel, général ou technologique. Il est préférable d'avoir aussi quelques compétences de couture.

Après un bac scientifique et une licence pro "matériaux composites", Stéphane a suivi la formation dispensée par les Ateliers de l'Enfer avant de s'installer à Henvic en 2005. Au vu du succès de la voilerie, cette dernière s'agrandit s'installe à Roscoff (Port de plaisance du Bloscon) et à Brest (Port de plaisance du Moulin Blanc) et rejoint le GIE All Purpose afin de mutualiser les compétences et la R&D.

Ne pas oublier et c'est primordial l'expérience voile et compétition de Stéphane qui en 420, 470 et 49er a écumé les plans d'eau nationaux et internationaux sans oublier la Mini Transat et autre course en croiseur.

Quelles compétences requises ?

Logique, manuel et en capacité de s'adapter au client

Dans nos voileries artisanales le métier n'est pas formaté. Il nous faut sans cesse s'adapter à nos clients et à leurs besoins. L'atelier réparation est un bon exemple. Il faut bien comprendre l'usage de la voile qui nous est apportée, trouver la solution technique la plus pertinente, réparer et le tout dans des délais contraints, à fortiori l'été.

En conception on travaille sur un pas de temps différent pendant lequel la compréhension du type de navigation pratiquée par le client est primordiale. Cette écoute nous permet de produire un objet, une voile en l'occurrence, qui répondra parfaitement aux besoins du plaisancier. Il faut éviter la surenchère technique et technologique.

Quel quotidien ?

Cela dépend s'il y a spécialisation ou non du poste. Dans certaines voileries importantes, la spécialisation est le principe (assemblage, finition, accastillage…). Dans nos voileries (entre 3 et 10 salariés) chaque équipier, fabrique la voile de A à Z, découpe mise à part. La remise au client et la vérification partagée sont aussi un bon moment, c'est même le sel du métier. Être en capacité de dépanner, de concevoir, de réaliser et rendre un service.

Génois coupe horizontale à gauche et à membrane à droite
Génois coupe horizontale à gauche et à membrane à droite

Quelle responsabilité ?

Au-delà de la responsabilité de l'entreprise, ma première responsabilité est de répondre à une demande de client en lien avec son programme et de produire un objet de qualité, mécaniquement solide et durable.

Quelles sont les évolutions possibles de ce métier ?

Dans le métier l'évolution principale se fait au niveau de la conception et du matériau. Pour la conception la généralisation de l'informatique et des logiciels intégrés facilite le travail et la réponse quasi immédiate, par la fourniture de plan, au client.

Pour les matériaux utilisés, les contraintes sont différentes du Dacron aux membranes, mais la tendance est à moins de couture et plus de collage. La technologie membrane permet « la voile sur mesure » par excellence. On peut décider, via la réalisation de panneaux composites laminés, la densité, la nature et l'orientation de chaque fibre. Pour les membranes le tissu est fabriqué en fonction de la voile, alors qu'en tissu classique la voile est assemblée, et ce en fonction des lais de tissus. Il n'est pas exclu, qu'à court terme tous les croiseurs soient équipés de voile membrane. Le changement d'échelle favorisera une diminution des coûts.

Nous notons aussi que les bateaux de nos clients sont de plus en plus grands ce qui nécessite des planchers plus conséquents. Cette adaptation n'est pas toujours simple, mais la tendance se confirme.

Nappe Calibration Géodésique
Nappe Calibration Géodésique

Autre évolution, la diversification et/ou la réponse à des demandes inattendues, voire atypiques. Deux exemples parmi d'autres :

  • La nappe calibration géodésique, le dispositif CalnaGéo qui permet de mesurer in situ l'altitude de la surface libre de l'eau à une précision centimétrique et permettre les opérations de calibration et validation des satellites SWOT gérés par le CNES (Centre National d'Etudes Spatiales), la DT INSU (Division Technique de l'Institut National des Sciences de l'Univers du CNRS) et la NASA(National Aeronautics and Space Administration).
  • Autre innovation, à la demande de l'Institut Polaire Français Paul-Émile-Victor de Brest la conception d'une bâche étanche, hermétique aux pollens et résistante à des températures de -50 °C afin de couvrir une cage d'hélitreuillage pour livrer du matériel et des fraises de Plougastel, au pôle Sud…

Et aussi un peu de recyclage de voile dans les objets utiles ou publicitaires.

Reportage
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