Installation radio à bord : bien la penser pour obtenir les meilleures performances

Yacht, vedette de plaisance avec antenne VHF et avec antenne MF HF

GSM, Radar, AIS… Tous nos équipements de bord exploitent des bandes de fréquence radio qu'il est habile de connaître pour éviter les interférences entre les équipements, que ce soit en direct ou par harmoniques.

Nous utilisons de plus en plus d'équipements à bord qui fonctionnent sur des technologies sans fil. Pour cela, ces appareils communiquent dans l'éther, par ondes radio. Et qui dit ondes radios dit souvent, parasitage et brouillage, que ce soit en direct par transmodulation (capacité d'un récepteur de capter une émission proche réalisée sur une autre fréquence que sa fréquence de travail) ou par harmoniques (présence résiduelle de l'onde radio aux multiples de la fréquence de travail initial).

Le spectre radio électrique (Image : Adrasec 08)
Le spectre radio électrique (Image : Adrasec 08)

La bonne antenne, au bon endroit

Antenne VHF installée en tête de mat
Antenne VHF installée en tête de mat

Pour commencer, parlons de longueur d'onde. Dans le principe, l'élément rayonnant (c'est-à-dire celui qui va projeter l'onde radio) devrait mesurer une longueur d'onde entière pour, en théorie, fonctionner au mieux.

Cette longueur d'onde (qu'on appelle Lambda et symbolisée par ƛ) se calcule par la formule mathématique suivante :

ƛ = 300 000/Fréquence (Khz)

Ainsi, à une fréquence de 300 Mhz correspond une longueur d'onde d'un mètre. L'antenne "parfaite" mesurera ainsi un mètre. On comprend ainsi aisément la longueur des antennes utilisées pour les transmissions décamétriques. À 30 Mhz, l'antenne mesure 10 mètres, 100 mètres à 3 Mhz, 1 kilomètre à 300 Khz et 10 à 300 Hz. Pour parvenir à "émuler" des antennes fonctionnant à de si basses fréquences, on utilise des selfs et autres artifices électroniques dès lors que l'encombrement ne permet pas d'installer une antenne onde entière.

Par conséquent dans l'idéal, on évitera d'installer à une distance inférieure à une onde entière deux antennes qui exploitent les mêmes fréquences. À plus forte raison, si une de ces deux antennes capte des ondes (en reçoit, un AIS par exemple) et l'autre rayonne (en émet, une VHF par exemple).

À propos d'endroit, une antenne s'installe le plus haut possible par rapport à la mer, toujours dans la recherche du compromis longueur de câble / facilité d'accès / efficacité.

Les câbles rayonnent eux aussi

Un cable coaxial de qualité limite à la fois la perte d'énergie et la pollution électromagnétique
Un câble coaxial de qualité limite à la fois la perte d'énergie et la pollution électromagnétique

Si l'antenne sert à projeter les ondes électromagnétiques dans l'air, les câbles d'antenne (qui transportent le signal depuis l'émetteur vers l'antenne), souvent des coaxiaux, possèdent la fâcheuse tendance à se comporter comme des antennes. D'autant plus s'ils sont de mauvaise qualité et que, comme c'est le cas sur nos bateaux, le raccordement par la terre (qui crée un écran limitatif du rayonnement) est impossible. C'est pour cette raison que nous vous recommandons, autant que possible, d'utiliser la plus grosse section de coaxial possible, adaptée à l'émetteur et à l'antenne en impédance et d'éviter de passer plusieurs câbles d'antenne au même endroit ou au moins, dans la même gaine. Plus facile à dire qu'à faire, dans le mât d'un bateau où tout est mutualisé...

C'est en conséquence pour limiter autant que possible ce rayonnement - l'installation radio est faite de compromis - que nous vous recommandons de réduire autant que possible la longueur des connexions entre antenne et émetteur et de respecter, ici aussi, la longueur d'onde et ses multiples. La longueur idéale d'un câble d'antenne demeurera la même que l'antenne, c'est-à-dire une onde entière. Pareillement à l'antenne, un multiple ou un sous-multiple sont possibles eux aussi.

Astuce, roulez l'excédent de câble sur lui-même en disposant des bâtons de ferrite à 90° les uns par rapport aux autres sur le toron ainsi créé. Identifiez, enfin, chaque toron par son usage pour faciliter la maintenance.

Les harmoniques

Lorsqu'un élément vibre (une antenne, une onde sur l'eau ou encore un son), il produit plusieurs ondes.

La première est fondamentale, elle constitue la fréquence de travail. Centrale, elle est basée schématiquement sur la fréquence mélangée de vibration du quartz de l'émetteur.

Les autres sont des harmoniques. Ils existent empiriquement au double de la fondamentale à la moitié de la puissance initiale. Leur puissance (amplitude) est divisée par deux une nouvelle fois au double du premier harmonique (quadruple de la fondamentale). Cette présence se renouvelle à chaque fois, aussi longtemps que le signal résiduel est inférieur au bruit de fond.

Cette approche est extrêmement empirique. La formule exacte de calcul de l'amplitude de l'harmonique est f(t) = sin (1wt) + sin (2wt) + sin (3wt) + sin (Nwt)

C'est en expérimentant ce phénomène d'harmoniques qu'on comprend notamment que, sur un bateau, en émettant un message par VHF (150 Mhz), on puisse perturber la réception de la télévision TNT (600 Mhz).

Dans la mesure du possible, nous vous recommandons d'éviter d'exploiter des appareils situés en harmoniques les uns par rapport aux autres. Ici encore, bien évident à écrire, nettement moins à appliquer, lorsqu'on ne sélectionne pas sa fréquence de travail. La seule précaution imaginable est d'éloigner autant que possible les antennes de chaque paire "fondamentale/harmonique".

Le circuit électrique

Nos circuits électriques de bord sont les acteurs involontaires suivants dans la qualité de nos installations radio. Ils transportent, eux aussi, une quantité d'ondes électromagnétiques qui, lorsqu'elles se mélangent, peuvent venir perturber le fonctionnement efficace de nos installations.

La ferrite pour limiter les perturbations par l'alimentation
La ferrite pour limiter les perturbations par l'alimentation

Pour pallier cet inconvénient, une solution commune consiste à enrouler le cordon d'alimentation sur un bâton de ferrite.

Clavier, souris et oreillettes, sources de perturbations

Pratique, les périphériques sans fil sont de fort perturbateurs électromagnétiques
Pratique, les périphériques sans fil sont de fort perturbateurs électromagnétiques

Certains équipements que nous exploitons à bord sont, de fait, des émetteurs que nous ignorons. Au registre de ces équipements se situent les MOB-AIS d'une part (qui exploitent une fréquence de 160 MHz). Rarement en fonction - souhaitons qu'ils ne le soient en aucun cas - ils ne représentent pas une gêne à la gestion radioélectrique du bord.

Autre famille d'émetteurs invisibles, les claviers, souris, oreillettes et autres périphériques Bluetooth sans fil. Ils travaillent sur une fréquence centimétrique (2 500 MHz). Il est naturellement inimaginable de les isoler ou de changer le câble de leurs antennes, aussi la solution est-elle de s'en passer autant que possible. Autre avantage à ne pas en disposer à bord, un clavier ou une souris, raccordée par son cordon USB sera bien moins enclin à tomber au sol que laissé libre de ses mouvements.

Penser avant d'installer

S'il n'y a pas de secret absolu pour optimiser son installation radioélectrique de bord, c'est en cumulant les précautions (câbles de qualité en bonne longueur, écartement des antennes, absence de Bluetooth …) que vous obtiendrez la meilleure installation possible et exploitez, avec le minimum d'interférences électromagnétiques le matériel de communication de votre bateau.

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Pa Cas
Pa Cas
Excellent article ! Bien qu'également radio-amateur ( V/UHF et aussi décamétrique ) j'ai appris ou me suis remémoré certaines choses ( oubliées ) clairement expliquées dans cet article très pédagogique ! Bravo !
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