Vous avez le permis bateau côtier ? Quel intérêt à passer le hauturier ?

Le permis côtier permet de répondre à la vaste majorité de nos envies de navigation. La limite d'éloignement d'un abri de 6 milles permet de satisfaire une envie d'une ou deux journées et suffit dans la plupart des cas. Le passage - par extension ou en direct - du permis hauturier répond effectivement à d'autres desseins que l'éloignement plus important.

La limitation principale du permis côtier concerne la distance d'un abri. Avec la limitation de 6 milles d'un port (ou abri), nous pouvons pour la plupart réaliser une sortie journée ou week-end et prendre suffisamment de plaisir sur l'eau. S'il est avéré que les habitants de certaines zones peuvent se sentir frustrés (le Cotentin avec les Anglonormandes, la Méditerranée avec la Corse, les Landes...), mais la vaste majorité des zones de plaisance touristiques le long des côtes françaises est accessible endéans cette limitation.

Comparaison des programmes

Le permis côtier vise à créer les réflexes et les comportements fondamentaux permettant de prendre les commandes d'un bateau en sécurité. Il n'a pas pour objectif de transformer le candidat en navigateur expert.

C'est la raison qui fait que ce permis met un accent prononcé sur la sécurité, qu'elle soit active (emport de sécurité, gilet de sauvetage, coupe-circuit…) comme passive (RIPAM, signaux et feux, météorologie…) ou encore l'environnement (espaces natura 2000, préservation de la faune et de la flore, passage d'écluses…). S'il comporte une partie pratique, il n'apprend pas à naviguer à proprement parler.

Ce que le permis côtier vise à enseigner :

  • Le balisage des côtes, des plages et les pictogrammes  
  • L'initiation au système de balisage région B 
  • Les règles de barre et de route 
  • Les signaux 
  • Les feux et marques des navires 
  • Les règles de navigation et de sécurité entre navires de plaisance et entre navires de plaisance et navires professionnels 
  • Les notions d'autonomie en matière de carburant 
  • La protection de l'environnement, faune et flore 
  • La météorologie 
  • L'initiation à la lecture de la carte marine 
  • Les règles d'utilisation des écluses gardées ou automatiques  
  • Droit d'utilisation de la VHF 

La partie pratique est assez limitée dans le permis côtier.

Les choses sont claires, certains points sont du domaine de l'initiation (balisage, carto, règles de barre) et d'autres sont extrêmement empiriques. Il ne s'agit pas de considérer le permis côtier comme un brevet au rabais, ce n'est pas le cas. Le permis côtier constitue la première étape nécessaire dans la formation d'un chef de bord et attise la curiosité le plus souvent.

Les plus du permis hauturier

Les enseignements du permis hauturier :

  • Savoir déchiffrer une carte marine
  • Faire le point par plusieurs relèvements ou gisements et porter ce point sur la carte
  • Calculer la variation, la dérive due au vent, la dérive due au courant, le cap au compas, le cap vrai, la route sur le fond, faire l'estime
  • Identifier les phares
  • Effectuer un calcul de marée par rapport à un port principal par la règle des douzièmes
  • Etre sensibilisé aux aides électroniques à la navigation
  • Savoir interpréter de manière simple une carte météorologique marine et connaître les symboles utilisés
  • Connaître le matériel de sécurité obligatoire au-delà de 6 milles.

Le constat est ici aussi posé, les choses sont nettement plus maritimes et techniques. Lecture de carte, calcul de route et de courant. Mais de façon inattendue, alors que le permis hauturier permet de s'éloigner plus au large, la partie sécurité est réduite.

L'obtention des permis se fait en commençant par le côtier, puis le hauturier (70 000 permis hauturier sur 104 000 permis en 2019, source Ministère de l'Environnement). Quelques personnes passent directement le hauturier, mais ce sont uniquement des professionnels de la mer dûment formés auparavant.

La culture maritime présente dans le permis hauturier

Élément sensible, la culture maritime demeure un point clé du permis hauturier. Par culture maritime, on n'entend pas la tradition ou les coutumes, mais la connaissance du milieu et de ses spécificités. C'est l'objet des parties relèvements, calcul de route, variation, marées. C'est d'ailleurs une des particularités du permis hauturier. Une fois passées les quelques heures de théorie, les élèves consacrent des séances entières à griffonner leur carte SHOM 9999 et y tracer routes, courants et autres amusements géométriques.

C'est du reste de cette façon que se déroule l'examen, une part modeste (20 minutes environ) de questions à choix multiples, puis un exercice de cartographie qui cumule les sujets (courant, dérive, marée…).

Le permis hauturier est un permis qui vise à rendre les pilotes autonomes dans la gestion de leur activité nautique. Il permet, en intégrant le milieu, de mieux évaluer le comportement à adopter pour parvenir à rentrer, à sortir et à naviguer en sécurité. Dans les faits, si elle n'est pas abordée ouvertement, la sécurité est le signal faible du permis hauturier. La vaste majorité des apprentissages vise à cette navigation en sécurité, passive et inconsciente.

Envie de naviguer autrement

La possibilité offerte par le permis hauturier de pouvoir naviguer plus loin est à vrai dire une fausse réponse à une bonne question. Le besoin de fond n'est pas de pouvoir s'éloigner des 6 milles d'un abri. Le permis hauturier offre de comprendre la navigation et les impacts de l'ensemble de l'écosystème maritime. Les autres bateaux en font partie, de même que les courants, le vent, les marées, les équipements de sauvetage… Le permis hauturier obtenu, il sera envisageable de pratiquer et d'aborder la navigation côtière avec plus de sérénité et de préparation.

Enfin, l'obtention du permis hauturier ne demande qu'un effort minime supplémentaire si elle est envisagée immédiatement après celle du permis côtier. En effet, les théories et principes appris au cours de la formation initiale seront utiles et, s'ils sont frais dans la mémoire, seront d'autant plus aisés à exploiter.

Passer ses permis de façon rapprocher permet d'optimiser les apprentissages
Passer ses permis de façon rapprocher permet d'optimiser les apprentissages.

Le Permis hauturier nous  ouvre donc une navigation plus consciente, presque plus "intelligente" et adaptée au plan d'eau. Beaucoup plus qu'une simple réglementation pure.

Faut-il supprimer le permis côtier pour n'en faire qu'un avec le hauturier ?

Au-delà de l'aspect commercial, on peut se poser la question de l'intérêt de proposer ces deux permis. L'usage fait que très peu de plaisanciers franchissent cette limite des 6 M. Mais les apprentissages du permis hauturier présentent un intérêt réel pour naviguer partout. Car finalement, c'est à l'approche des côtes que l'on a besoin de comprendre les hauteurs d'eau et de faire des relèvements...

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Jérôme Jl
Jérôme Jl
Je suis tout a fait pour l'intégration des 2 permis en 1 seul. En effet les notions du hauturier sont tres utiles aux marins côtiers. Je trouve aussi aberent de séparer la VHF des permis. Un seul permis plus complet écrémerait les élèves un peu légers au profit des plus sérieux. Déjà que globalement le permis est si facile à obtenir.
Nicolas Godron
Nicolas Godron
Il est totalement incohérent de constater que le Certificat Restreint de Radiophonie (CRR) ne soit pas intégré dans le permis côtier lorsque l'on observe que les titilaires de se permis ne savent pas utiliser une VHF par manque de connaissances des règles de base de communication impactant sensiblement la securité en mer et le déclenchement des secours. Pourquoi ne pas créer un seul permis réllement utile avec une épreuve pratique de la VHF, du GPS, Navtex, fichiers Gribs... ? En mer les contraintes financières et économiques ne peuvent l'emporter sur la securité des navigateurs et des secours.
Pierre Trillot
Pierre Trillot
Le calcul des marrées ne figure pas dans le permis côtier, c’est une ABERRATION ! Le hauturier est INDISPENSABLE pour une pratique saine de la navigation, que ce soit à voile ou à moteur. Le côtier devrait être OBLIGATOIRE pour la pratique de la voile. Je suis voileux, j’ai le côtier et le hauturier, et je suis effaré quand je vois certaines pratiques…..
Philippe V.
Philippe V.
oui c'est une curiosité française... première industrie de la plaisance au monde oblige ! Il me semble fou qu'on puisse faire un peu de voile habitable avec du monde à bord sans même avoir son côtier, et encore plus fou d'imaginer en faire régulièrement en zone marrées et courant sans son hauturier. quand au CRR, dès qu'on s'éloigne de 2M d'un abri le CRR devrait être indispensable. .Mais il faut lire sur Hisse et Oh la qtté d'anarcho libertaires qu'on assassine quand on propose cette idée toute conne qui est ... qu'on devrait maitriser un minimum les bases théoriques pratiques et légales de ce milieu totalement étranger et rapidement hostile dans lequel on évolue, qui contrairement à la montagne est aussi une vaste zone de circulation, pêche et travail. . Finalement, ce sont les loueurs qui finissent par exiger des CV marins et des niveaux chefs de quart pour certaines unités, et qui font le boulot que le legislateur ne fait pas.
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