Natif de Genève, en Suisse, il passe son enfance, dès deux ans, sur un bateau. C'est celui de ses parents, amarré au Port Noir, sur le Lac Léman. En 2001, la famille largue les amarres pour entamer un tour du monde… qui durera onze années ! Tout jeune encore, il rénove son premier 6.50, et en 2013, termine 11e de la Mini-Transat. Il est arrivé 21e à la dernière Transat Jacques Vabre, en IMOCA cette fois.

La vue
En septembre 2019, j'ai participé au Défi Azimut, une course en double, pour préparer la Transat Jacques Vabre. Nous sommes au large de l'Ile de Groix. C'est le dernier jour. C'est la bagarre. La fatigue grandit. Les yeux que l'on protège derrière des lunettes de soleil. La mer est lisse. Le vent est faible. La brume, elle, est à couper au couteau : nous ne voyons même pas la tête de notre propre mât ! Tout est blanc-gris autour de nous… Au lever du jour, nous devinons, plus que de le voir vraiment, un autre bateau tout près : à travers le brouillard, nous apercevons un fragment de coque colorée. Nous distinguons le ruissellement de l'eau fendue par l'étrave, les bruits issus des manœuvres… On ne pouvait qu'imaginer tout le reste du bateau autour ! Quatre heures durant, nous jouons avec lui, au chat et à la souris, dans cette épaisse brume qui nous camoufle l'un et l'autre. Tenter de contrôler un adversaire presque invisible… ça n'est pas une mince affaire ! J'ai trouvé incroyable cette sensation de ne plus pouvoir me fier à ma vue, et de devoir me concentrer sur mon ouïe, pour y « voir » quelque chose !
En fait, c'était un peu comme quand on est dans un avion et que l'on passe à travers des nuages : il y a cette masse brumeuse qui petit à petit se troue de taches plus claires, avant de se dégager finalement complètement, en peu de distance et de temps finalement. Ça s'est déroulé 200 mètres avant la ligne d'arrivée. Le vent a alors repris soudainement et nous avons aperçu Groix devant. Et sous notre vent, à bâbord, l'autre bateau qui essayait, comme il l'avait fait en plein brouillard, de passer sous notre vent, de se glisser par là… mais nous le bloquions. On ...

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