Interview / Que vit Stéphane Le Diraison en course ? Sensations et peur...

© Ludoci de C - Time for Oceans

Ce Breton de 43 ans a fait ses armes en Mini 6.50 puis en Class40. Depuis 2016, il court en catégorie IMOCA. Le projet Time for Oceans qu'il soutient vise à sensibiliser le public à l'indispensable protection des océans, mais aussi à prouver que des solutions existent. En 2019, il est arrivé 20e à la Transat Jacques Vabre. Souvenirs sensoriels…

Pour moi, le thème des sens est vraiment au cœur de la course à la voile. Le large, c'est un terrain très favorable à leur éveil. La vie moderne les endort, alors que la nature les stimule.

C'est aussi ça qui me motive quand je pars en mer : me sentir en phase avec les éléments. Avec le temps de la vie, le moment présent. Quand je suis seul au large, que je vois le soleil se lever, passer la journée, se coucher le soleil, la lune se montrer, puis les étoiles briller, je sens le temps s'étirer… autrement qu'ailleurs. Avec l'espace, je ressens aussi ça. Alors qu'en avion, en quelques heures on peut se retrouver à l'autre bout de la terre, moi, avec mon bateau, même s'il peut être rapide, je mets des jours et des jours à traverser un bras de mer ou un océan. Je vis l'immensité des mers ! Ce sont des sensations qui me remettent à ma place, ma modeste place, sur cette planète. Qui me rappellent que je ne suis pas grand-chose au final, que je suis juste - mais tout de même ! - un élément de toute cette chaine !

Stéphane Le Diraison
Stéphane Le Diraison

La vue

Je me souviens d'un moment très particulier que j'ai vécu dans le Golfe du Saint-Laurent où la navigation n'est pas simple. C'était lors de la transat en équipage Québec-Saint-Malo. Nous nous battions contre les éléments : un vent désarmant, une eau à 4°… mais surtout un épais brouillard. Certes cet endroit est réputé pour être très brumeux, mais là… Ne pas avoir d'horizon, quand on est sur un bateau, n'est pas des plus rassurant ! Bref, ces conditions ne nous enthousiasmaient pas. Nous allions enfin passer entre l'Ile de Saint-Pierre et l'Ile de Miquelon. Et ainsi pouvoir nous mettre un peu à l'abri. C'est là que la brume s'est soudainement évaporée. Et un tout autre paysage que la grisaille nous est alors apparue.

Le vent était tombé, le bateau s'était arrêté, tout nous a semblé figé, comme hors du temps. Un intense et incroyable contraste. Nous glissions entre ces deux îles dont le rivage sauvage m'a ...

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Publié sur Yacht-Club.com

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