Enfermé dans mon coffre, j'ai manqué de mourir au mouillage…

Seul au mouillage, Pierre se retrouve enfermé dans son coffre arrière... © Pierre Martin-Razi

Naviguer à la voile n'est pas sans risque. Pierre le sait bien et il essaye de sécuriser au maximum ses croisières. Pourtant, il va se faire piéger là où jamais il n'y aurait pensé. Il partage son expérience pour éviter qu'il ne nous arrive une pareille mésaventure.

Pierre navigue sur son Sun Fizz depuis de nombreuses années. Son voilier, il le connait sur le bout des doigts. A bord, il a presque tout refait et, un peu maniaque, il l'entretient avec soin. Ce bateau c'est sa retraite qu'il vient de fêter par un tour de l'Atlantique en 2019/2020. Malgré une bonne compétence nautique et plongeur émérite, il va lui arriver une "drôle" d'aventure, un accident bête qui aurait pu lui couter la vie. Il raconte cette mésaventure qui a failli très mal tourner :

Croisière aux Glénan, traversée vers les îles d'Or, transat alizéenne ou tour du monde par les trois caps : chaque navigation est un engagement qui ne va pas sans risques, les skippers s'appliquant à les minimiser : suivi météo, équipement de sécurité bien pensé, chaussures sur le pont et au guindeau, retenue de bôme au portant, harnais, gilet, ciré dans la cuisine lorsque la mer durcit. La liste est longue et les bateaux gardent en réserve bien des surprises…

La mésaventure qui m'est arrivée n'apparaît pas dans les manuels et, ne serait-ce que pour cela, mérite d'être contée. Elle prouve une fois encore (on connait des exemples tristement célèbres) que l'expérience ne doit jamais — jamais ! — autoriser un relâchement d'attention…

Un hiver aux Antilles

Areiti au mouillage
Areiti au mouillage

Cela se passe en janvier 2020 aux Antilles où je suis arrivé mi-décembre avec mon vénérable Sun Fizz après une transat sans histoire. J'ai passé les fêtes de fin d'année en Martinique avec Sylvie, mon épouse, ma fille Ninon et un couple d'amis. Tous m'ont quitté depuis quelques jours pour rejoindre la métropole, leur vie professionnelle ou étudiante et les rigueurs de l'hiver. Je me retrouve donc seul à bord jusqu'aux prochaines vacances de février. Cela ne me dérange pas, bien au contraire : j'ai déjà effectué un tour de l'Atlantique en solo voici un quart de siècle et cette solitude retrouvée s'apparente à un bain de jouvence.

Une traversée Martinique Sainte-Lucie ventée

Riche de quelques semaines, je décide de rejoindre Trinidad en sautant tranquillement d'une île à l'autre puis d'effectuer un retour plus direct sur Pointe-à-Pitre où je dois retrouver Sylvie avant de partir vers le Nord. Le 10 janvier, les pleins faits, je quitte donc la baie de Sainte-Anne et pointe l'étrave sur Sainte-Lucie que l'on devine dans le lointain. Accentué par l'effet Venturi créé par les deux îles, l'alizé est soutenu avec des pointes à plus de 35 nœuds. Par prudence, j'ai déjà replié le bimini de cockpit… Jusque-là, rien de méchant. Seule la courte houle de travers malmène le ...

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Sun Fizz La fiche technique
12.30 mLongueur hors-tout
3.85 mLargeur - Bau
1.35 mTirant d'eau mini
7 300 kgDéplacement lège
Philippe BriandArchitecte
4Cabine(s)
50 chPuissance maxi (en ch)
50 lVolume cuve à carburant
250 lVolume cuve à eau douce
Voir la fiche technique du Sun Fizz

Jeanneau Découvrir

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Guillaume Bec
Guillaume Bec
Même au mouillage, on ne navigue pas en solitaire comme en équipage. Merci pour ce récit d'un incident tout "con" aux conséquences qui auraient pu être terribles.
Erwan Monnet
Erwan Monnet
Quel histoire ! Je me souviens d'une histoire similaire sur un mouillage à Dinard. Un ami mécanicien c'était retrouvé enfermé de la même façon. Seul sans telephone.. mais heureusement avec ses outils ! Il avait demonté les charnières du coffre.
Andre Gordeaux
Andre Gordeaux
Salut Pierre se retrouver coincé dans un coffre qui s'est fermé, ho l'angoisse ! sans faire de concours d'expériences de ceux qui s'en sont sortis, ça sert toujours ! J'ai réussi pire que toi : coincé dans le coffre arrière du Feeling ou je m'étais glissé pour les même raisons que toi : vérification et surtout réglage du pilote, pas de drosses ! C'est la première foi que je passais par la... Avant je me glissais comme une anguille du fond cabine arrière ! Reculer comme une anguille pour m'en sortir m'avais déplu. C'est la raison pour laquelle j'avais essayé par le coffre ouvert, tête la première ! Tout les outils utiles étaient a coté... Ouf j'ai pris cette habitude, elle est bonne... Prévoir le pire et prier que ça n'arrive pas ! Quand ça ce produit, ce n'est plus le moment d'invoquer Dieu. Le sac plastique fixé avec les outils utiles prés des endroits comme les pompes, l'inpeler, la courroie d'alternateur... Tout les navigateurs devraient savoir changer tout ça en moins de 2 minutes... Pas toujours le temps de lire le mode d'emploi, ni de chercher la pièce de rechange et l'outil. Hé bien, tu devines que je me suis retrouvé dans l'impossibilité de sortir du trou. Heureusement je n'étais pas seul (Guillaume Bec interdit d'être seul même au mouillage), mon amiral a eu un mal fou a me sortir ! Toi surtout comme plongeur, tu as dû avoir encore plus peur que moi, le manque d'air ça ne pardonne pas longtemps ! Les coffres, j'en ai pratiqué beaucoup dans ma profession de reporter/planqueur génial, sauf la fois où enlevé la nuit, on m'a jeté dans celui d'une 504... Pour ne pas parler que de moi, j'ai le souvenir d'un confrère de Paris Match disparu en 2013, Benoit Gisembergh en reportage sur le travail des enfants dans les mines de Colombie. Il entre dans le boyau pour faire ses photos et s'aperçoit, mais un peu tard que l'endroit pour faire demi-tour est conçu pour les enfants pas pour lui ! J'avoue que je n'aurais pas osé. Bravo Benoit, on ne t'oublie pas !
Frederic Germain
Frederic Germain
Salut Pierre, c'est Frédéric de BEUCHAT, belle aventure cet enfermement, mais alors ta réparation de barre, tu l'as faite sereinement ?? en tout cas tout cas, tu profites bien de ta retraite de plongeur bien mérité. A+ et bon vent.
Al. K'dorn
Al. K'dorn
Suggestion pour éviter de reproduire pareille "aventure" ;-)) Il faut déposer le loquet du couvercle et l'anneau du coffre et inverser le tout, fixer l'anneau sur le couvercle et le loquet du verrou sur la partie fixe, déjà moins de chance qui se referme et se verrouille seul
Gilles Coadic
Gilles Coadic
Bonjour, je crois que la solution la plus simple, est de remettre le cadenas à sa place avant de descendre dans le coffre, même si le couvercle du coffre tombe par malchance, le cadenas empêchera sa fermeture.
Jean-pierre Montagnon
Jean-pierre Montagnon
Pierre est un ami avec qui j'ai déjeuné le mois dernier à son retour de transat et avec qui j'ai passé 17 ans de vie professionnelle lorsqu'il était rédacteur en chef de la revue nautique SUBAQUA. C'est dire si des conversations concernant le voilier, le bricolage, la sécurité, nous en avons eues à la pause café du matin, mais pas que ! C'était des moments privilégiés. Son Sun Fizz est au port du Frioul. Journaliste, moniteur de plongée, maniaque de la sécurité, mécanicien et bricoleur de haut vol, marin accompli, il m'a raconté cette aventure qui aurait pu arriver à n'importe qui d'entre nous, même au port de Carry. Quoi de plus banal que de descendre dans un coffre, nous le faisons tous pour aller récupérer le petit truc qui y est tombé au fond. La dernière fois que ça m'est arrivé, je n'étais pas assez bas pour que le coffre se refermer. J'en ai été quitte pour une belle bosse sur la tête. Depuis j'amarre la capot du coffre quand j'y descends. Pierre avait pourtant tout refait sur son bateau, tout sécurisé. Merci Pierre pour avoir partagé cette mésaventure. Un examen de nos serrures s'impose. Un bon moyen de pallier ce problème est de retourner la serrure, elle sera stable en position ouverte et ne risquera plus de se refermer seule.
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