Sur nos bateaux, l'hivernage concerne aussi l'électricité de bord. 

Protection des connecteurs à bord du bateau

Moteurs, tissus et électronique sont hivernés. Et pour l'électricité, qu'avons nous prévu de faire ? Déconnecter une batterie ne suffit pas à mettre en sécurité le bateau pour les prochains mois, il faut aussi penser à inspecter l'installation électrique de nos bateaux.

L'énergie électrique, quelle que soit son intensité, est présente en bien des points de nos bateaux. Dans les mâts pour les feux de navigation, dans les cales pour les pompes ou encore pour alimenter les équipements de confort, ce sont plusieurs centaines de mètres de câbles électriques qui les traversent. Fréquemment, nous les négligeons, alors que près des deux tiers des incendies à bord des bateaux démarrent sur des causes électriques.

Olivier Carayon, chef de produit électricité chez VDM Reya
Olivier Carayon, chef de produit électricité chez VDM Reya

C'est Olivier Carayon qui a eu la gentillesse de nous guider sur les meilleures pratiques d'hivernage d'une installation électrique. Il est chef de produits électricité pour VDM Reya, importateur de bien des systèmes de gestion de l'énergie électrique de nos bords.

Le tableau électrique, souvent la seule partie visible de l'installation
Le tableau électrique, souvent la seule partie visible de l'installation

"Par défaut", commence Olivier "on coupe tout, sauf les alarmes, les pompes et les éventuels systèmes de surveillance". Cette précaution est élémentaire, mais il est prudent de rappeler qu'au cours de l'hiver, rien qui ne soit indispensable à la vie du bateau ne doit demeurer sous tension.

"Pensez aux consommateurs invisibles. Une backbone NMEA 2000, un éclairage de coffre ou encore un témoin de charge de batterie ne consomment aucune énergie impactante en saison. S'ils demeurent sous tension pendant plusieurs mois et que la source de cette alimentation n'est pas rechargée, ils participent inutilement à pomper la batterie".

"Le plus simple, pour cela, est de dresser un inventaire de tout ce qui consomme de l'électricité à bord du bateau. Depuis le feu de mouillage jusqu'à l'aiguille du voltmètre de charge, connaître chaque consommateur, c'est prévoir de le mettre hors service" poursuit-il.

Un anti-humidité permet de protéger les connections électriques
Un anti humidité permet de protéger les connections électriques

Contrôlez l'état de l'installation

Interrompre les alimentations permet de passer en revue fusibles, câbles de puissance et autres barrettes de raccordement. Olivier nous alerte: "Vérifiez chaque fusible et chaque raccordement. Bien sûr, aucun domino à bord, que de la connectique sertie et rendue à l'épreuve de l'eau par une gaine thermorétractable. Si une connexion, un fusible ou un câble est noirci, c'est qu'il a chauffé. Il faut alors, non seulement le remplacer, mais aussi chercher la cause de cette surconsommation. Ne pas le faire au moment de la mise au sec du bateau, c'est la certitude de devoir le faire un jour sur l'eau. Ou pire, lorsque le bateau commence à prendre feu."

"Un circuit électrique ne doit en aucun cas chauffer, qu'il s'agisse d'une boîte de raccordement ou d'un fusible, une marge de sécurité doit demeurer dans les sections de câbles et les puissances des rupteurs." termine l'expert.

Que faire avec les smartswitches ?

Les systèmes intelligents de gestion de l'énergie - smartswitch - sont apparus il y a quelques années sur nos installations. Leur utilité est réelle. Ils savent délester au fur et à mesure de la décharge de la batterie les équipements les moins utiles, ne conservant que les organes vitaux pour le bateau, démarrage et sécurité.

En hiver, c'est une approche différente qu'il faut adopter, comme nous l'explique Olivier : "Il faut laisser le switch sous tension pour qu'il conserve sa configuration. Mais il ne faut pas compter sur lui, pendant l'hivernage, pour gérer l'énergie. Il n'y a fondamentalement que 2 ou 3 éléments qui doivent demeurer alimentés l'hiver, les pompes de cales, l'alarme et la vidéo protection éventuelle. Ces éléments seront raccordés directement à la batterie, en outrepassant ce smartswitch car aucun de ces éléments n'est ni plus ni moins important que les autres."

Idéalement, brancher le bateau à une prise de quai

"En hiver, il faut essayer de solliciter le moins possible les batteries du bord. Par ordre de préférence, on ira de la prise de quai - qui permet d'alimenter le bateau en 220 volts - à la batterie de servitude - qui pourra mal vivre la décharge profonde selon les cas - en passant par les panneaux solaires ou une batterie sacrificielle. Il est essentiel, dans tous les cas, de penser à venir vérifier la charge - et la compléter si besoin - au moins une fois par mois, pour s'assurer que tous les organes de sécurité demeureront opérationnels."

Acquérir certains réflexes est aussi utile, c'est ce que nous rappelle le chef de produit. "Après une grosse averse ou un orage, parce que la pompe de cale aura certainement fonctionné, aller jeter un œil aux batteries permettra de prévenir l'averse suivante." Précaution judicieuse !

Ne pas laisser un chargeur branché toute la saison

"Déposez le maximum de batteries. L'avantage d'entretenir les batteries chez soi au chaud réside dans la possibilité de les charger régulièrement" ajoute Olivier.

Un chargeur spécial marin est nécessaire pour maintenir les accumulateurs en bon état
Un chargeur spécial marin est nécessaire pour maintenir les accumulateurs en bon état

"Attention de ne pas laisser le chargeur branché en permanence aux batteries. Il va à la longue les rendre feignantes et moins efficaces. Le mieux est, ici aussi, de les recharger une fois par mois environ, avec un chargeur marin spécifique, comme Cristec ou Dolphin, qui sont des marques françaises réputées. Une batterie perd 5 % de sa capacité par mois sans utilisation, il faut en conséquence penser à compenser cette perte d'auto-décharge."

"La batterie qui reste à bord du bateau n'a pas besoin d'être d'un modèle spécifique marine. Une batterie classique de voiture fera l'affaire et coûtera moins cher. Elle peut à la saison, être reconvertie en batterie secondaire, surtout pas comme accu de démarrage bien sûr" ajoute-t-il, avant de poursuivre "Mais l'idéal est de disposer d'un jeu de batterie hiver, pour ne pas mélanger les genres."

Panneau solaire en complément 

Les panneaux solaires coûtent de moins en moins cher et proposent des performances intéressantes, pourquoi ne pas les utiliser ?

Olivier nous explique : "Disposer quelques panneaux solaires sur le bateau est intéressant dès lors qu'on peut passer les nettoyer de temps en temps. Des panneaux solaires salis par les déjections ou l'environnement représentent une sécurité illusoire. Pour qu'ils fonctionnent convenablement, installez un régulateur sur le circuit de charge de la batterie."

Panneau solaire et régulateur, des compléments d'appoint d'énergie appréciables
Panneau solaire et régulateur, des compléments d'appoint d'énergie appréciables

La légende de l'action du froid sur les accumulateurs

La légende veut qu'une batterie qui est exposée au froid perde de sa puissance définitivement. Qu'en est-il réellement ?

Olivier nous explique : "Dans les faits, une batterie ne devient moins puissante que lorsqu'elle est froide. Lorsqu'elle retrouve une température ambiante normale, elle sera de nouveau capable de délivrer sa puissance totale. C'est d'autant plus exact avec les batteries lithium. Elles perdent 90 % de leur puissance sous 5 °C de température !."

Courbe d'efficacité d'une batterie par rapport à la température ambiante
Courbe d'efficacité d'une batterie par rapport à la température ambiante

Vérifier l'état des cosses de batteries

Premier élément de raccordement, les cosses de batteries sont souvent mal entretenues. "La graisse qui les recouvre trop souvent se mêle à de la poussière et à de la limaille de fer, jusqu'à créer un diélectrique qui affecte les performances. L'entretien de ces cosses est ordinaire, un coup de brosse métallique et une pulvérisation d'anti-humidité tel que l'hydrex suffisent à les garder en bon état."

Sur les cosses de batteries, pas de graisse. Une simple pulvérisation d'anti-humidité suffit
Sur les cosses de batteries, pas de graisse. Une simple pulvérisation d'anti-humidité suffit

Les moteurs électriques, pas d'hivernage spécifique 

Dernier élément électrique à hiverner, le moteur électrique. Ces motorisations sont de plus en plus présentes sur nos bateaux, depuis les petites puissances pour les annexes jusqu'aux motorisations de vedettes.

Olivier Carayon nous explique : "Avantage, aucun fluide sur ces moteurs. Pas de vidange à réaliser ni de liquide de refroidissement. La chose unique à hiverner, c'est la batterie. Si le moteur est transportable, le ranger chez soi, au chaud et au sec, évitera surtout les vols. Autrement, déposer la batterie du moteur et le trimer haut pour éviter qu'il ne trempe dans l'eau durant tout l'hiver. Un coup de charge régulier pour maintenir les accumulateurs en bon état. Le moteur électrique représente le bonheur de l'hivernage !"

Plus d'articles sur le thème
Réagir à cet article
Ajouter un commentaire...