Aventures et mésaventures en Antarctique : Sara nous explique pourquoi elle a choisi de débarquer

Caracara en vol, Puerto Williams. © Sara Bran / Canon France

Sara était avec Dominique et Carole, équipière novice, à bord d'une goélette pour une expédition en Antarctique qui s'est terminée par une évacuation. Cette équipière partage des extraits de son journal de bord pour mieux saisir l'ambiance à bord.

Embarquée sur une goélette de 50 pieds en acier pour 60 jours en Antarctique, Sara a vécu une expérience forte. Elle apporte ici un complément au récit de Dominique. Une vision moins nautique, mais étayée par un journal de bord très précis, alimenté heure par heure.

On ne repousse pas ses limites, on les découvre...

Jean-Louis Etienne, (Persévérer)

Ce 23 février 2019 après une nuit plutôt blanche, je savais ce que je voulais et ce que je pouvais faire

La veille, en plein cœur de l'antarctique, on a talonné fortement créant un voie d'eau à bord. J'ai découvert ce matin-là que je n'étais pas prête à revivre ce que j'avais vécu la veille. J'étais sur le pont d'un bateau qui n'avance plus, entrainé par le courant vers des rochers et des reliefs, clairement visibles à bâbord.

La novice que je suis, à ce moment précis, a listé le contenu de mon sac si le bateau venait à s'échouer sur les rochers proches, si la tentative de dernière chance de redémarrage du moteur "salé" par Dominique échouait (dans le choc, le gasoil a été contaminé par de l'eau de mer). Je m'interroge sur la survie et comment on allait l'investir à 6. J'imagine comment passer la nuit dehors quand la température descend, et de regarder un bateau échoué…

Rayon de soleil sur un glacier.
Rayon de soleil sur un glacier.

Je savais ce matin-là où était ma limite : celle de la confiance que j'avais donnée, tout à fait aveuglément il est vrai, à un skipper et à des marins inconnus. J'avais donné ma confiance, pleine et entière, à de belles paroles, à un ancien, à un ancien bon marin, à un ancien vendeur aussi, à un homme qui a su me vendre mon rêve et en tirer profit. Cela aurait pu ne pas prêter à conséquence.

Chacun y avait un intérêt, si tout s'était bien passé, sur un bateau suffisamment préparé, l'échange aurait été gagnant-gagnant. Mais la grandeur d'un homme ne se mesure pas à son passé, elle s'éprouve au présent. Et je ne suis pas venue ici, en péninsule antarctique pour y rester.

Depuis 3 ans, mon travail d'artiste se fait en dialogue avec des guides polaires et des photographes. Au-delà de mon métier de joaillier et de designer, je crée des tableaux de métal librement inspirés de photographies, notamment polaires.

Vol d'oiseaux et iceberg.
Vol d'oiseaux et iceberg.

Un récit complet et détaillé

En 2018, lorsque le capitaine me propose de participer à une expédition qui "parait" sérieuse et préparée, cela parait trop beau pour être vrai. J'accepte et organise alors ma vie familiale et professionnelle pour être absente deux mois.

Au final le voyage sera riche et mouvementé, le temps passé en péninsule sur le voilier bien plus court que prévu (et habilement vendu). Les rencontres et les accidents de parcours m'auront bien plus appris que toute autre expédition, mais j'ai aussi failli ne pas en revenir…

J'ai commencé à écrire le récit de ce voyage le 2 janvier 2019 à l'aéroport de Marignane. J'ai continué au fil des rencontres extraordinaires, de Buenos Aires à Ushuaia, du ponton du Nautico à celui de l'Afasyn, du Micalvi et des hauteurs de Puerto Williams à Déception, de Portal Point à Enterprise. Chaque jour, j'ai écouté, j'ai observé, j'ai noté : Ce que j'entendais, ce que je voyais, ce que disaient ces hommes et ces femmes sur le bateau, et d'autres, croisés sur un ponton ou un pont d'un autre bateau. Chaque soir dans le carré devant leurs verres, ou sur le pont entre deux manœuvres, et pour moi entre deux photos et durant chaque quart de mouillage. J'ai écrit.

Mon métier est un métier d'observation et de détail. J'ai écouté et j'ai noté encore. Après deux tentatives et finalement la traversée du Drake, je garderai toujours la mémoire de cette aube qui s'est levée, sur nos premiers icebergs.

Le premier iceberg.
Le premier iceberg.

Je suis partie sans savoir, les yeux fermés, pour vivre mon rêve. Je tiens à revenir.

Et oui, en toute conscience et après avoir murement réfléchi, j'ai quitté le bord d'un navire qui avait un dégât structurel avéré, dont il était impossible de mesurer l'étendue exacte. Il risquait de couler, surtout si la météo n'avait pas été aussi bienveillante comme elle a choisi de l'être finalement.

Cela sur un bateau négligé, fatigué, mal préparé, et néanmoins solide. Un bâtiment solide et fissuré reste un bâtiment solide. Tant qu'on ne le secoue pas trop fort…

Un skipper qui défaille

J'ai quitté un bateau sur lequel le skipper disait : "Je vais plonger voir… Voir la taille du trou dans la quille." Ce trou qui a occasionné l'arrivée de 20 litres à la minute dans le bateau : "Je vais descendre voir".

Dans une eau à zéro degré, sans combinaison et sans visibilité, à 72 ans et sans la condition physique d'un plongeur, en fait, sans être plongeur. Et lorsque nous avons "osé" évoquer l'hypothermie (équipé avec une combinaison étanche, on ne tient que 20 minutes), il nous a dit que son épouse le réchaufferait ! Ma confiance déjà très entamée s'est dissoute un peu plus dans cette plongée imaginaire et impossible. Je suis plongeur, mais je ne serai pas descendue sans ...

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Trireme 50 B La fiche technique
15.30 mLongueur hors-tout
4.62 mLargeur - Bau
18 000 kgDéplacement lège
Voir la fiche technique du Trireme 50 B
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Jean-philippe Laurentin
Jean-philippe Laurentin
Merci pour ce beau texte. On en apprend décidément beaucoup sur ce bateau et son capitaine. Bien que tous ses amis le défendent (voir les épisodes précédents), il est clair que ce bateau n’avait rien à faire dans cette région et qu’avec un capitaine aussi léger sur la sécurité, la décision de débarquer s’imposait clairement même si elle a dû être difficile à prendre.
Séverine Brancour
Séverine Brancour
Autan les articles précédents étaient intéressants, factuels et techniques, autan ce texte de l'équipière sent le règlement de compte . Elle se contredit , c'est confus, avec des relents d'attaque personnelles. C'est la complainte du pauvre Caliméro, la "mal-aimée" qui a été malmenée et qui n'a pas été considérée à sa juste valeur d'artiste et qui se venge ! Manifestement elle s'est trompé en s'inscrivant à cette croisière où elle s'attendait certainement à un voyage plus "organisé" avec un respect du timing. Ce texte n'apporte pas grand chose pour moi qui ne connait pas les protagonistes de cette histoire. C'est trop lourd et ça finirait presque par discréditer Dominique et Carole... C'est juste le ressenti d'une petite navigatrice .
Bernard Guiot
Bernard Guiot
j'ai lu avec bcp d'intérêt ces divers témoignages, et les commentaires de certains. Il est sain de parler de ces pb, car il y a des abus, avec une absence de contrôle des autorités. J'ai un peu d'expérience de la navigation hauturière, souvent comme skipper. J 'ai aussi embarqué comme équipier sur 3 voiliers charter, en Patagonie, au Spitzberg et en Antarctique. 2 voiliers étaient parfaitement entretenus, équipés, avec topo sécurité et skipper compétent, avec les bons diplômes et déclarés. Un voilier m' avait interpellé en 2010, en Patagonie, sur son impréparation, bateau mal entretenu et de vrais pb de sécurité. Paix à son âme, il s'agit de Paradise et de Arnaud D’Allennes. Il suffit de lire le rapport du BEA mer pour comprendre. Chacun des témoignages est intéressant, révélateur de la perception vécue, Technique ou émotionnel, C'est cela l'essentiel. On ne s'aventure pas dans ces zones éloignées, et en expédition, avec des pb techniques à bord, un voilier mal préparé. Chacun a agi en conscience. L'important est qu'il n'y ait pas eu d'accident humains. Mais de tels témoignages sont nécessaires, car certains charters ne respectent pas les règles élémentaires. relire encore le rapport officiel du BEA mer sur l'accident de Paradise. Il faut aussi rester modeste, la mer est toujours la plus forte, et parfois même avec bcp d'expérience, on peut tous être conduits, un jour ou l'autre, à la faute. Mais l’enchainement de tels pb montre un voilier mal préparé, même si mon expérience de 40 000 milles en navigation, m’a montré que certains pb peuvent arriver par malchance ;
Erwan Malgven
Erwan Malgven
Ce message est à destination des membres de cette belle association objectifgrandsud.com qui au fil de leurs commentaires ont tenu des mots souvent abjects : Yves MILZA, ERICH DELNATTE, Corto Maltese (Pierre-Jean Jannin, Président d’OGS), PHILIPPE BOENNEC , Patrick Jeandidier, Pascal Analu , Laurent Bouquet Des Chaux, Jean Louis Villain, Bruno Grenié, Louis LAIGLE, Anne PICHERY, Alain Briand, Caroline Vieille, christophe delaporte, Jean-Pierre ADAM, Yves Aumont, Théo Brochard, L Brochard, Alain PICHERY, Dany KERAUDY , xavier fraud, Alain BENOIT. J’écris ce commentaire pour faire suite à mes précédents échanges. L’amusement a laissé place à la colère, le sentiment que vous prenez les lecteurs pour des C***. Tous les lecteurs comprennent maintenant pourquoi, avec tant d’énergie, vous vous êtes acharnés à décrédibiliser Dominique. Dans aucun de vos commentaires, vous ne remettez en question les allégations de ce récit. Finalement, vous ne reprochez à Dominique que d’avoir quitté le bateau. Maintenant avec la lecture de l’ensemble du reportage, vous devez vraiment être honteux. D’ailleurs, plus aucun d’entre vous ne prend la parole… J’ai moi-même subi des attaques par @ERICH DELNATTE… sans doute pour avoir mis le doigt sur une bonne question. Vous auriez simplement pu remercier Dominique d’avoir sauvé votre bateau, d’autant plus qu’il n’était pas assuré ! Pour Sara, cet article est sans doute une thérapie. Le commandant du MS Ocean Atlantic ne s’est pas trompé en proposant « une assistance médicale et psychologique ». Il n’y a rien de honteux à avoir besoin d’aide. Elle est novice, sans connaissance en voile, vous le saviez et vous l’avez accueillie. Il faut l’assumer et ne pas lui reprocher de ne pas savoir plier un spi. Sara n’est restée que 30 jours sur 60 à bord, l’avez-vous remboursé (30x80) des 2400 € ? Il me semble que ce serait vraiment le minimum. Je n’y ajoute pas le budget alcool. Qu’en pensez-vous ? Bonne idée, non. Si j’étais membre de votre l’association, je demanderai des comptes sur les manquements. Pourquoi autant de défaillances ? Où sont les procédures de contrôle ? Sommes-nous assurés contre les risques de procédures ? Sara et Dominique sont sans doute légitimes à faire un peu de juridique… et la TAAF pour l’ensemble des manquements…
Philippe Gander
Philippe Gander
Quelle qu'ait été la réalité de cette navigation, la publication de tant d'articles à charge sans publier un autre son de cloche me laisse pantois. Quelle est l'éthique journalistique du site pour agir ainsi? Par ailleurs l'énergie et le travail de rédaction effectué par les deux rédacteurs qui enfoncent le skipper m'interroge quant à leur motivation. Encore une fois, en cautionnant ces publications, Bateaux.com semble adopter un parti pris qu'il devrait pouvoir être prêt à défendre...
Jean-philippe Laurentin
Jean-philippe Laurentin
Je trouve au contraire que bateaux.com à fait un excellent travail pas si courant dans le presse nautique : montrer la réalité d’une navigation dans le grand sud et l’importance primordiale de la préparation du bateau et du professionnalisme du skipper. C’est clairement ce qui a manqué dans cette croisière qui aurait pu très mal se finir. Bravo encore à la force d’âme des équipiers qui ont débarqué. Même si l’accumulation des incidents est ahurissante, prendre la décision de débarquer a dû être très difficile à prendre, mais c’était clairement la bonne.
Séverine Brancour
Séverine Brancour
Je m'interroge sur les motivations du journal à ne donner voix qu'aux trois équipiers qui ont quitté le bateau. Tout le monde s'accorde à dire que la décision de débarquer a dû être difficile à prendre. Certes ! Mais la rédaction a-t-elle cherché à connaitre les motivations des trois autres membres de l’équipage ? La décision de rester à bord a-t-elle été facile pour tous, quels ont été leurs questionnements ? Leur analyse ? Le diagnostic et les réparations éventuelles avant de retraverser le Drake ? Comment la traversée a-t-elle été gérée à trois au lieu de six ? Nous restons sur notre faim... Ces articles sont intéressants mais j'aurai souhaité que je journaliste fasse son travail plus en profondeur en allant chercher l'avis de ceux qui sont restés à bord. J'ai cru comprendre en lisant quelques commentaires suite aux articles précédents que le journaliste est de la famille des "rescapés", est-ce bien déontologique ? En tout cas cela sème le doute.
François-xavier Ricardou
François-xavier Ricardou
Bonjour à tous, Deux points que je tiens à clarifier : 1 - Après plusieurs entretiens téléphoniques, nous avons proposé au président de l'association de s'exprimer, mais il n'a pas souhaité le faire. Si lui ou un équipier présent pendant cette expédition en Antarctique veulent intervenir, la porte reste évidemment ouverte. 2 - Je n'ai aucun lien de parenté avec Dominique et Carole malgré ce qui a été dit. Je connais juste ces navigateurs pour suivre leur périple nautique depuis de nombreuses années. Bonnes navigations à tous et restez prudents.
Erwan Malgven
Erwan Malgven
À croire que les membres de cette belle association sont devenus des spécialistes des éléments de langage - mieux que les politiques - : après avoir tenté de décrédibiliser avec force et ténacité Dominique, c'est maintenant au tour de Bateaux.com et de son rédacteur. J'avoue que lui inventer une cousinade avec l'équipage est quand même le summum de la mauvaise foi. @Philippe Gander parle « d’éthique journalistique », « d’enfoncer le skipper » sans qu’il puisse se défendre, pire encore @Séverine Brancour parle de « déontologique ». C’est tout à votre honneur de vouloir se défendre, mais défendez-vous avec honnêteté et loyauté. Quelle est votre éthique concernant l’écologie ? Quelle est votre éthique concernant le respect des personnes, des règles de sécurité ? C’est votre déontologie qui vous empêche de rembourser Sara ? C’est votre déontologie qui vous interdit d’assurer le bateau ?
Laurent Tardivet
Laurent Tardivet
J'ai suivi avec beaucoup d'interêt les récits de cette aventure et ne m'exprime qu'aujourd'hui car j'étais déconcerté depuis le début entre la partie narration que je trouve bien écrit, avec des points positifs et négatifs mais très factuels et les commentaires cinglants et vides de sens. Comme je ne comprend pas cette acharnement, je m'adresse plus en tant que lecteur que marin car je n'ai pas, et de loin, l'expérience que vous portez. Peut être un jour avec de temps, je pourrais aussi naviguer plus longtemps et plus loin... Un rêve !!! Et c'est à ce titre que cela m'intéresse, pour apprendre, pour comprendre car tout ne s'apprend pas dans les livres, sur les blogs et même en mer, c'est un bon mélange de tout. Alors merci à Bateaux.com, merci aux narrateurs pour ce partage et à ceux qui veulent juste défendre un ami ou parce qu'il fait partie d'une même assos, faites le avec plus de concret, de discernement et d'objectivité. Bon vent à  tous et restez prudents !
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